Je croyais tout savoir de la pensée de François Ruffin pour avoir lu La guerre des classes, Ce pays que tu ne connais pas, et sa prose régulière dans Fakir. Finalement, Il est où le bonheur nous apporte encore des arguments solides et intéressants dans la lutte pour une transition écologique.

À ceux qui nous disent de mettre nos différends politiques de côté, François Ruffin rappelle que : « les premiers de cordée, dans leur fulgurante ascension, ils ont coupé la corde, ils ne tirent plus rien, ils se sont tirés ! » et encore que le système néolibéral avec sa règle de concurrence libre et totalement faussée, sa course effrénée pour la compétitivité et la rentabilité pénalise les comportements vertueux et encourage les actes nocifs à la société et à l’environnement.

En ce qui concerne l’agriculture, l’auteur nous avertit qu’il ne faut pas se satisfaire de quelques hectares de cultures bio, mais nous devons exiger des lois contre les pesticides, contre l’irrigation, contre les élevages industriels les hormones et les antibiotiques !

François Ruffin part en guerre contre le libre-échange qui entraîne le gaspillage énorme d’énergie dû aux transports. Il faudrait au contraire impérativement relocaliser toutes ou partiellement les productions utiles à notre société.

À plusieurs reprises, il nous dit que les luttes écologique doivent aller de pair avec les luttes sociales. L’isolation thermique des bâtiments en est une illustration emblématique : elle réduit la facture de chauffage, améliore le bien-être des habitants et surtout améliore le bilan carbone en réduisant les rejets de CO2 !

Fidèle à son habitude, il s’appuie sur nombre de figures illustres : Victor Hugo, Jean Jaurès et Ambroise Croizat, et plus près de nous : Dominique Bourg, Hervé Kempf et Pablo Servigne.

La forte progression des inégalités, nous dit-il, est aussi facteur de division et de perte de sens civique. Notre objectif doit être : « consommer moins, répartir mieux. », tenir de front l’écologie et le social ! Pour conclure, François Ruffin nous invite à nous unir dans les luttes pour un autre progrès, un autre bonheur facteur d’espérance. Son essai est écrit dans une langue simple et accessible, très clair et stimulant, à lire et partager sans modération !

Denys Calu, envoyé spécial permanent à Romans (Drôme).

*Le titre de l’ouvrage ne contient pas de point d’interrogation.

François Ruffin, Il est où le bonheur, éditions Les liens qui libèrent, 2019, 170 pages, 14 euros.