Depuis combien de temps vient-il déposer sur le plus étroit des étals ses bottes de menthe, de coriandre, de persil, ses gerbes de pivoines à la saison, des bouquets de bettes, d’oignons et ses pousses d’oseille ? Trente ans, pas moins. A lui, on n’a jamais reproché une décennie de trop. On est toujours étonné de payer si peu chez lui : une semaine d’infusions et de tajines pour des picaillons… Mais je ne le voyais plus, ces derniers temps…
Le réponse m’a été donnée aujourd’hui, jour de rassemblement pour honorer la mémoire d’Aboubakar Cissé, assassiné dans une mosquée du Gard, pour s’inquiéter ensemble de la stigmatisation des musulmans rendue officielle en France par le ministre Retailleau, pour s’alarmer du génocide en Palestine. Les organisateurs, lucides quant à la priorité donnée aux festivités place des Epars, avaient été bien inspirés de réunir les vigilant/es au marché des Petits-Clos, autrement dit Beaulieu - toujours en cours de réurbanisation à marche forcée.
Monsieur Bourga était là ! Le vent, assez doux, faisait circuler les effluves de menthe. Il nous a juste expliqué que le placier lui avait indiqué que sa place était désormais sur ce marché des Petits-Clos, le mercredi et le dimanche. Plus de place pour lui au bord de la halle Billard le samedi matin. C’était donc cela : faire de la place au marché du samedi matin ! Il faut dire que les agents immobiliers y sont désormais admis. Une explication de la mairie ?
Nous savons en tout cas ce qu’il nous reste à faire si la menthe de M. Bourga nous importe - ainsi que son chiffre d’affaires et sa gentillesse indéfectible.
Chantal Vinet