Au terme d'un campagne qui a fait planer le risque de voir l'Elysée s'ouvrir à l'extrême-droite, ne nions pas le petit souffle de soulagement à 20 heures. Pas davantage. Le danger immédiat écarté, mais les discours les plus agressifs désormais bien ancrés, quelles que soient les paroles du président reconduit, nous voici de nouveau sur la ligne « agriculture industrielle tueuse du vivant, mesures sociales réduites, retraites retardées », etc. Reste seulement à découvrir sous quel habillage et avec quel improbable personnel politique. Pourtant, rien n'est pareil en ce matin du 25 avril : bref tour d'horizon des priorités dont nombre de citoyens sont conscients.
Pendant les élections, la guerre continue
Tandis que notre petit chaudron électif bouillonne, Poutine a transformé l'Ukraine en un enfer, par une guerre cruelle, en violation de toutes les règles internationales, usant du chantage nucléaire. Une telle situation en Europe, si elle inquiète, ne suscite pas de protestations continues à la mesure des massacres et désastres perpétrés. Même si les citoyens en tant que tels n'ont pas de prise sur cette tragédie, ils peuvent, avec tant soi peu de constance, mettre en œuvre des manifestations pacifiques permanentes : proposons, nous tous, des initiatives qui réuniraient la communauté chartraine, avec l'espoir d'étendre bientôt le processus. S'il est un aspect positif des réseaux sociaux, c'est bien de transmettre le message et d'inviter toutes les bonnes volontés. Connaissance de l'actualité, témoignages, échanges, activités culturelles, solidarité - à vos imaginations.
Les limites des ressources
Il se trouve que cette guerre avive le questionnement sur la nécessaire sobriété que nous devons adopter dans notre économie et nos modes de vie. Qu'attendons-nous pour freiner, voire cesser, la consommation d'énergies fossiles , inciter nos gouvernants à mettre fin à l'achat de pétrole et de gaz russes ? Il se trouve que la diminution des gaz à effet de serre obéit à la même discipline que l'assèchement du trésor de guerre poutinien. Belle conjonction écologique et géopolitique. Nous aurons peut-être un peu froid, mais les bombes à fragmentation tuent les Ukrainiens, et leurs terres à blé sont ruinées pour longtemps. Le gouvernement n'a jusqu'à présent pas envisagé ce nécessaire virage : prenons-le, nous, citoyens, par nos pratiques, avant d'être mis au pied du mur. Organisons-nous pour parer ensemble au changement climatique et à la destruction annoncée de l'Europe par un pouvoir qui lui fait la guerre depuis longtemps.
Se rassembler, cultiver, se cultiver
Rien ne se fera au cours des années cruciales qui s'annoncent sans les solidarités, et ce qui nous manque le plus aujourd'hui, c'est la place publique. Dans cette ville où aucune salle ne s'ouvre pour que se réunissent les citoyens qui veulent se parler, parce que le maire l'interdit, il importe plus que jamais de se retrouver. Après des décennies d'idéologie individualiste, le besoin du collectif est patent, surtout si nous devons faire face à des pénuries, alimentaires, énergétiques, techniques, de tout ordre. Dans une société où tout le monde (et pas seulement les pauvres) pourrait être confronté au manque, la solidarité est un recours évident, qui prévient toute forme de guerre sociale. Partager des jardins, échanger des pratiques et des biens, voir des spectacles, chanter, entendre des textes, faire se confronter les cultures, réunir par delà les origines, les âges, le degré de richesse, c'est un rêve à portée de main, pour peu que nous le décidions. Des citoyens sont déjà dans cette dynamique, et ne demandent qu'à la faire partager. Ceux-là ont pris la mesure de ce qui menace notre survie : écoutons leur expérience désintéressée, et prenons part à l'avenir. Attendre la décision politique, ce sera subir la contrainte qui vient trop tard ; des choix consentis valent mieux que la société numérique de surveillance qui se profile.
Le soutien aux associations qui défendent le vivant
Ils ont nom : Pollinis, Sykadap, Collectif des terres de Gonesse, Les Soulèvements de la terre, Extinction Rébellion, Géographes en mouvement, CCFD Terre solidaire, …, on ne saurait tous les nommer tant ces admirables collectifs se sont multipliés ces dernières années. C'est en grossissant leurs rangs et en renforçant leurs relais un peu partout que nous créerons la force d'opposition qui manque tant aux partis institutionnels. Les élections législatives révéleront si un sursaut des appareils est possible, si la volonté de constituer une opposition écologiste et sociale à l'Assemblée est plus forte que les entêtements incompréhensibles des acteurs de l'arène.
ENSEMBLE est un mot galvaudé par les campagnes électorales de tout temps. N'empêche qu'il faut le réhabiliter, et le faire nôtre. Travaillons à faire de notre cité, du pays dont elle dépend, de l'Europe qu'elle contribue à faire exister, des lieux accueillants et prospères, où l'avenir s'annonce plus rassurant du fait de l'approche collective des efforts qui nous attendent. Cactus, comme Chartres Ecologie, se feront les porte-parole et les garants de vos propositions.
Chantal Vinet, présidente de l'association Chartres Écologie