Daniel Tanuro, dans cet essai, s’efforce de dénoncer les innombrables turpitudes et atteintes à l’environnement causées par le système capitaliste, sans jamais oublier la question sociale. Il observe que les peuples du sud sont les plus exposés aux dérèglements climatiques alors qu’ils en sont les moins responsables. Il condamne les mécanismes de compensation, qui obligent à la plantation d’arbres dans les pays du sud, comme une nouvelle expression du colonialisme, tout en faisant passer les entreprises polluantes pour vertueuses.

Pour l’auteur, le néolibéralisme est responsable de la destruction de la nature et des solidarités. L’unique objectif étant le profit, lorsqu’il s’agit de verdir une activité, c’est à coup sûr pour mieux conquérir de nouveaux marchés et non pour sauver le climat et la biodiversité. La croissance de la production épuise à la fois la terre et les travailleurs.

Daniel Tanuro propose pour sortir de ce système destructeur, un « écosocialisme » fondé sur la sobriété acceptée : produire moins, transporter moins, partager plus, et gagnée par des luttes collectives contre l’exploitation, le racisme et le machisme. Il fait l’éloge de Via Campesina, mouvement international de paysans qui prône la souveraineté alimentaire et l’agro-écologie, deux objectifs qui répondent à la fois aux besoins des populations et à la protection de l’environnement. Il affirme, chiffres à l’appui, que l’agriculture paysanne et la pêche artisanale, sont beaucoup moins gourmands en énergie, tout en satisfaisant aux besoins des consommateurs et en respectant la nature. Cet ingénieur agronome Belge et fondateur de l ‘ONG « Climat et justice sociale » n’oublie jamais de reconnaître la place des femmes dans les luttes contre la dégradation de la nature, en particulier dans les pays du sud, il dit aussi son admiration pour la jeune Greta Thunberg injustement critiquée.

En conclusion, Tanuro, toujours combatif, cite Berthold Brecht : « Celui qui combat n’est pas sûr de gagner, mais celui qui ne combat pas a déjà perdu. » Cet essai écrit sans aucun jargon intello est dans son ensemble assez séduisant, tant ses observations et ses arguments semblent pertinents. A déguster sans modération !

Daniel Tanuro, Trop tard pour être pessimistes ! Ecosocialisme ou effondrement, éditions Textuel 2020, 310 pages, 19,90 €.

Denys Calu