A Chartres, les images précédentes nous l'ont bien montré, les décideurs ont prouvé qu'ils pouvaient faire, en grand format, des monstres de béton dont on se demande ce que l'on pourra faire d'utile et d'humain dans le proche avenir, où il faudra choisir résolument d'autres modes de vie. Les mêmes ont su défigurer des éléments patrimoniaux qui leur ont été confiés en enlaidissant leur environnement. Ainsi, l'église Saint-Aignan.

Privée de tout soin depuis des décennies, elle semble reléguée au fond de sa place pavée, glaciale ou caniculaire, maigrement arborée sur le côté, le côté seulement, et sert occasionnellement de parking (pour ceux qui se permettent, ou sont autorisés). Le pire, ce sont les containers. Déjà, ils sont pour toute la ville des verrues, des boîtes immondes mais, placés dans l'aire d'un lieu de spiritualité, ou de beauté artistique, ils constituent une injure. Charles Péguy, sur la montée vers la cathédrale, a lui aussi ses poubelles, le pauvre, lui qui ne songeait qu'à écrire des épopées méditatives en vers. Passant place Saint-Aignan, devenue réceptacle à sacs jaunes, on se dit que rien ne sera épargné à ce lieu, comme si l'impératif de se défaire de ses emballages justifiait ce geste négligent d'y abandonner ce que l'on a de plus trivial.

Les élus sont responsables du laisser-aller qu'ils ont encouragé. On notera sur le cliché qu'autorisation a été donnée par la mairie de déposer le matériel nécessaire à la réfection d'un immeuble de la rue la plus proche. A tant faire, pourquoi se gêner ?

Chacun aura tiré pour soi son commentaire : laboratoire du libéralisme, entendait-on. Rouleau compresseur, oui… Réparer ce qui rend aujourd'hui Chartres invivable ira de pair avec la restauration de l'exception patrimoniale immémoriale qui est sa marque.