Alors que les élections départementales et régionales approchent, que les partis et citoyens s’organisent pour proposer des candidats, que les futurs électeurs s’interrogent sur qui porter leur voix, je découvre, en lisant Les damnés de la commune de Raphaël Meyssan, l’affiche placardée sur les murs de Paris par le Comité central de la garde nationale pour les élections de la Commune en 1871. Je ne résiste pas à l’envie de la partager avec vous, lecteurs de Cactus, à défaut de la coller sur les murs de la ville :

« Citoyens,
Ne perdez pas de vue que les hommes qui vous serviront le mieux sont ceux que vous choisirez parmi vous, vivant de votre propre vie, souffrant des mêmes maux.
Défiez-vous autant des ambitieux que des parvenus ; les uns comme les autres ne consultent que leur propre intérêt et finissent toujours par se considérer comme indispensables.
Défiez-vous également des parleurs, incapables de passer à l’action ; ils sacrifieront tout à un discours, à un effet oratoire ou à un mot spirituel. – Évitez également ceux que la fortune a trop favorisés, car trop rarement celui qui possède la fortune est disposé à regarder le travailleur comme un frère.
Enfin, cherchez des hommes aux convictions sincères, des hommes du Peuple, résolus, actifs, ayant un sens droit et une honnêteté reconnue. – Portez vos préférences sur ceux qui ne brigueront pas vos suffrages ; le véritable mérite est modeste, et c’est aux électeurs à connaître leurs hommes, et non à ceux-ci de se présenter.
Nous sommes convaincus que, si vous tenez compte de ces observations, vous aurez enfin inauguré la véritable représentation populaire, vous aurez trouvé des mandataires qui ne se considéreront jamais comme vos maîtres. »

Je vous invite aussi à découvir le roman graphique Les damnés de la commune de Raphaël Meyssan aux éditions Delcourt, entièrement illustré avec des gravures issues de journaux et de livres du XIXème siècle. Un petit bijou !

Lionel Monfront