Alexandre Lenot nous embarque avec son roman Cette vieille chanson qui brûle dans un monde onirique. Un monde loin de la civilisation et beaucoup plus proche de la nature. Une nature mise à mal chaque jour depuis des années par l’homme et sa soif d’étendre son influence.

Noé reprend la route qui le mène chez son père. Au cours de ce périple, perdu dans la forêt ou ce qu’il en reste, le jeune homme revisite son passé et les moments forts vécus avec son frère Jérémie et son père. Chaque pas est une occasion de retrouver les sensations de son existence. Une existence qu’il partage avec son frère loin des sons de la ville et de la civilisation. Le seul être humain que les jumeaux côtoient, c’est le Vieux Père. Un être n’hésitant pas à montrer sa force pour venir à bout du caractère peu docile de ces deux garçons visiblement bien encombrants.

C’est dans la forêt et près de la rivière que Jérémie et Noé se construisent. Ils deviennent des enfants sauvages à l’écoute de la nature, des animaux jusqu’au jour où leur existence met en branle la cohorte des services sociaux de la ville voisine. Fini la vie de bohème, les deux garçons doivent se résigner à suivre le chemin de l’école avec plus ou moins de bonne volonté. Sur la route, il leur arrive de prendre la tangente pour retrouver leur forêt devenue un vrai cocon. Car leur vie ne ressemble pas tous les jours à un dimanche.

Les rapports avec le père sont tumultueux de même qu’avec leurs congénères de l’école. Les jumeaux se font remarquer par leur force et sont souvent mis au défit de se battre. Les rencontres s’améliorent malgré tout au fil du temps lorsqu’ils iront au lycée et deviendront pensionnaires. Noé épouse les arts et notamment la danse qui lui procure beaucoup de plaisir. Si sa force est un atout, c’est aussi la faiblesse que pointent les enseignants ne lui reconnaissant aucun don pour faire parler son corps gardien de toutes ses émotions.

Au cours de cette marche remontant le temps, Noé aperçoit la Demeure. Les quelques mètres le séparant de sa prochaine rencontre avec le Père le conduisent à revivre les événements tragiques qui l’ont conduit à fuir. Jérémie, dans une croisade pour tenter de sauver la forêt de la folie des hommes, ne réchappera pas à une traque menée par les forces de l’ordre.

Avec une écriture poétique, Alexandre Lenot nous emmène sur les rivages de ce qui fait la nature humaine sous tous ces aspects... même les plus tragiques.

Pascal Hébert

Cette vieille chanson qui brûle, d’Alexandre Lenot, éditions Denoël, 238 pages, 20 euros.