Je prends le relais de Jean-François Bridet, retenu pour des interventions en session plénière du Conseil Régional, pour vous rendre compte du climat de ce conseil municipal du 24 février 2022.

Cinq minutes avant la séance, nous apprenons brutalement, par la voie du directeur de cabinet, qu’il ne sera pas possible pour Quentin Guillemain, qui en avait fait la demande dans l’après-midi, d’exprimer un propos liminaire de soutien au peuple ukrainien dont le pays est en guerre depuis la veille du fait d’une offensive russe sans précédent en Europe, depuis la Seconde Guerre mondiale.

En début de séance, Quentin tente, malgré tout, un message de solidarité avec les Ukrainiens, mais se fait aussitôt couper le micro par le Maire. Monsieur Gorges estimant cet évènement comme un fait « banal » qui n’a pas lieu d’être commenté en séance, en une tribune politique à l’occasion de la campagne présidentielle, d’autant plus que ça n’a pas de lien avec notre ville. Le ton inhumain de ce conseil municipal était donné.
44 délibérations à l’ordre du jour du conseil ce soir, à commencer par le débat d’orientation budgétaire (DOB).

Comme chaque année depuis 20 ans, Monsieur Masselus présente les éléments du DOB. Madame Marre prend longuement la parole pour expliquer ses oppositions sur les perspectives budgétaires en s’appuyant sur son métier d’enseignante en philosophie, invoquant Kant pour tenter d’expliquer le mode opératoire de la pensée du Maire. Elle pointe notamment les nombreux satellites (SEM, SPL…) « fermés à la démocratie », qui privilégient le modèle de l’entreprise privée dans un budget municipal. Monsieur Gorges lui répond qu’il n’aurait pas aimé être son élève.

Quentin Guillemain explique le point de vue de Chartres écologie avant de quitter la séance au regard des évènements extérieurs qu’il n’a pas été autorisé à aborder ici, alors même qu’ils auront des conséquences certaines sur les Chartrains. Monsieur Gorges, dans une certaine satisfaction, lance alors : « C’est fini, il n’y a plus de guerre ! »

À trois reprises, lors de la séance, lorsque le pavé numérique servant au vote numérique dysfonctionne, Monsieur Cuzin dit bien fort, de manière indigne étant donné le contexte, « encore un coup des Russes ! », devant quelques rires d’élus de la majorité. Ce à quoi Monsieur Gorges répond : non, c’est un coup des éoliennes, il n’y a plus de vent dehors… devant les rires de la droite. Irresponsables…

J’interviens ensuite au sujet d’une autorisation de programme pour un montant de 6 millions d’euros pour l’ « aménagement des abords de la Cathédrale ». L’absence de présentation du projet et de clarification du périmètre nous oblige, comme la gauche, à nous abstenir sur cette délibération volontairement imprécise.

Un peu plus tard, la délibération valide la fusion administrative de l’école Francine-Coursaget et de l’école de la Brèche. On connait désormais le point de vue du Maire sur l’avis des parents d’élèves qui sont selon lui, parfaitement illégitimes, puisque les enfants ne font que passer. De quoi se mêlent-ils !?

M. Gorges explique qu’il espère une fusion physique, et qu’il imagine bien le musée de l’École à la place de l’école Coursaget, avant de s’autosatisfaire : « ce qu’on fait pour les écoles est remarquable ». Je n’aurai pas de réponse à ma question sur l’avenir de l’activité du plasticien de l’association ARECIBO sur le site de l’école de la Brèche : « Vous verrez bien ».

Au sujet de la subvention à l’association « Les vieilles pédales » qui organisera un festival autour du vélo à la mi-mai, Madame Jebli-Chedeville indique que Chartres va ainsi rayonner dans toute la France. J’interviens pour expliquer qu’au-delà des indispensables évènements pour soutenir la pratique en loisirs du vélo que l’on soutient, l’usage du vélo au quotidien impose d’accélérer le développement d’aménagements sécurisés dans la ville et l’agglomération. Monsieur Gorges me répond que tout le cœur de ville est aménagé en trottoirs épais et que ça fonctionne très bien. Au sujet du partage de la voirie dans le reste de la ville, je me prends un : « On ne va pas l’imposer de manière fascisante, nous ». Qui est le fasciste ?

La délibération sur le « permis de louer » mis en œuvre dans l’ensemble du périmètre historique de la ville est qualifiée d’hyper importante par le Maire : il s’agit d’un outil nouveau qui permettra à la ville de connaitre et recenser l’état du parc de logements privés, et ainsi pouvoir interdire la location de logements insalubres. On imposera des travaux pour pouvoir remettre certains logements à la location. On fera estimer le bâti à sa juste valeur en s’appuyant sur les domaines. On apprend qu’il y a un travail « énorme » dans le bâti du centre-ville dégradé et insalubre. La politique sera très coercitive à cause de la négligence de certains propriétaires. On n’hésitera pas à expulser s’il y a péril. Les marchands de sommeil sont prévenus !

Il est minuit, la séance est levée.

Olivier Maupu, conseiller municipal Chartres Écologie.