Un pupitre en plexiglass, deux bouquets de fleurs posés au sol, un dispositif de son, par 33 degrés - et plus, on est en plein cagnard, comme ce « city park », que le maire vient inaugurer ce vendredi 8 septembre, à 18 heures. Les adjoints et des membres des services municipaux ont précédé celui qui va parler, et qui se fait attendre. Vers 18h20, le maire apparaît, flanqué de son factotum, les policiers municipaux (dix ? Plus ? Avec LBD quand même) forment une ligne protectrice. Il marche vers la petite assemblée qui lui est acquise, où ont même été invités des gens du quartier triés sur le volet. Alors ?
Les aficionados ne sont pas seuls : le collectif des Marronniers est là. Le maire a-t-il été avisé qu’il serait « accueilli » par ces habitants de l’agglomération qui alertent sur le nouveau permis de construire accordé sur les emprises du seul parc de La Madeleine, espace communal vendu à un promoteur ? Cent soixante-quinze appartements sur parking souterrain, autant dire les arbres voués à l’abattage, le lieu de promenade supprimé et la population changée : il est bien évident que les locataires modestes, pour certains déjà éjectés de Beaulieu à cause du processus de remplacement de la population à Chartres, n’auront pas les moyens de s’installer dans ces immeubles dont mairie et promoteur défendent la modernité salutaire pour le quartier.
Ce projet était évidemment la raison de la présence des manifestants, qui ont mis à profit l’inauguration de quelques mètres carrés de bitume réservés à la pratique de jeux sportifs - et même pas assez grands pour permettre que s’ébattent de vraies équipes : c’est plutôt à une pratique individualiste qu’invitent ces équipements.
Pendant que le maire discourait (« Je…, je…, et je…, je..., etc. »), les sauveurs des Marronniers ont déployé des banderoles rappelant que la bétonisation conduit au réchauffement climatique et à l’éviction des populations des plus pauvres. Cela n’a pas été sans mal : les policiers municipaux, équipés et bardés de gilets pare-balles, ont amorcé un arrachage des pancartes, et il a fallu arguer de la Constitution, qui garantit la liberté d’expression, pour les récupérer et les brandir. L’assistance a pu voir, lire et photographier les paroles, certes minimales, de cette rare contestation.
Dans la droite ligne du discours répandu par le ministre de l’Intérieur, qualifiant d’éco-terroristes les défenseurs du sol, de l’eau et de l’air, il est frappant de constater comme les détenteurs du pouvoir s’entourent d’hommes armés. De quoi ont-ils peur, le maire de Chartres et tous ceux qui prétendent faire le bonheur des gens ? Que pensaient, vendredi, derrière leurs lunettes noires les fonctionnaires de police qui défendaient le pouvoir en place ? Ont-ils des illusions, ceux qui disent faire leur travail, et pas de politique ?
Ce qui demeure des paroles des locataires de La Madeleine, c’est, parmi d’autres, le mot d’une dame : « Nous ne pouvons rien ; mais la disparition de ce parc, c’est un crève-coeur ». Crève-coeur, certainement. Impuissance ? A voir.
Chantal Vinet, présidente de l'association Chartres Écologie.