Vous êtes-vous habitué.es à la médIAthèque, rebaptisée sur l’autel de l’Intelligence Artificielle, nouvelle boussole de notre maire-président ? Cela n’est qu’un début, et si le futur parc des expos est bien nommé (l’illIAde), faut-il nous attendre à voir rebaptiser le colIAsée, et le théIAtre pour que notre ville devienne le phare des nouveaux paradis artificiels, ou plutôt de l’enfer numérique : C’ChIArtres ?

Au-delà de l’affichage ridicule de cette marotte, le mal est plus profond : lors de la session du 25 janvier 2024 du conseil communautaire, la création de deux postes d’ingénieurs pour le développement de l’Intelligence Artificielle a été votée. Pour Jean-Pierre Gorges, c’est désormais l’alpha et l’oméga de notre bien-être et il est urgent de monter dans le train sans pilote du progrès technologique. Seule justification avouée : optimiser (réduire, donc) les moyens humains en remplaçant le contact avec des agents communaux par un robot conversationnel : vous êtes partant.es ?

Il ne s’agit pas d’une révolution, mais du passage d’un seuil des capacités de calcul informatique qui permettent d’abandonner de nouvelles tâches à la machine (une voiture autonome contient une capacité de calcul 100 fois supérieur à celle d’une navette spatiale). Cette machine est aux mains de multinationales de moins en moins nombreuses et de plus en plus puissantes, capables de supplanter les États démocratiques. C’est une machine de plus en plus gourmande en matériaux, en eau et en énergie (pour en savoir plus, lire L’Enfer Numérique de Guillaume Pitron, aux éditions Les liens qui libèrent).
S’abandonner par réflexe aux dernières innovations informatiques rendra notre collectivité moins libre, moins humaine et plus fragile et dépendante que jamais.

Plus de recours au calcul informatique, c’est plus de dépendance matérielle et géo-politique, c’est plus de sédentarité, moins d’interaction sociale et de moins en moins d’emploi pour les moins qualifié.es de nos concitoyen.nes. C’est donc amplifier les risques environnementaux, sociaux, et sanitaires dans notre agglomération.

Pour nous, l’IA signifie Intensification de l’Aliénation, là où la responsabilité politique devrait préparer l’avenir en permettant plus d’autonomie aux habitant.es de notre agglomération : moins de temps seul.es derrière notre smartphone, plus d’intelligence collective pour s’impliquer dans la transformation de nos quartiers, nos villages et nos vies, plus de sensibilité naturelle pour nous réconcilier avec le vivant.

Jean-François Bridet