Si la musique est un cri qui vient de l’intérieur, Nina Attal illustre parfaitement cette affirmation de Bernard Lavilliers. Dans cette période, où l’on ne prend plus le temps d’apprécier et d’écouter, il y a des musiciens qui vous bousculent et vous transcendent dans l’émotion. Ils ont ce petit quelque chose en plus qui vous fait vibrer, vous fait sentir vivant grâce à l’énergie qu’ils dégagent. Ils sont peu nombreux, puisqu’il y a une majorité de faiseurs, mais lorsque l’on rencontre une musicienne comme Nina Attal, c’est Woodstock assuré avec le fantôme de Jimi Hendrix, qui revit.
Guitariste au talent phénoménal, Nina Attal a plusieurs cordes… à ses guitares. Outre les riffs qu’elle envoie avec une rare subtilité et beaucoup de cœur, elle a de la musique à raconter. Et lorsque cette musique fait écho à ses sensations, ses émotions et son âme, on tape dans le dur de la création comme le souligne si bien son dernier CD Pieces of soul. Nina compose en ne cherchant pas à copier et à se copier. L’inspiration est bien présente aux quatre coins de ses chansons chaloupées ou bluesies à souhait.
Lorsqu’elle monte sur scène comme à Nantes où elle a enflammé la salle, cette Nina a de l’énergie à revendre ou plutôt à partager : « La scène est ma maison ! » affirme-t-elle. Et c’est tellement vrai. « Ça reste l’endroit où depuis 15 ans je me sens bien, je me sens moi. Elle m’a fait grandir, m’a vu évoluer, devenir une femme, une artiste. » explique-t-elle. Timide à la ville, il n’en demeure pas moins vrai que c’est une fille adorable avec son public et ses fans qui le lui rendent bien : « Quand j’étais enfant, j’étais maladivement timide. Je pouvais à peine demander une baguette à la boulangerie… La première fois que j’ai mis le pied sur une scène, j’ai su instantanément que j’allais y passer le reste de mes jours. »
De la guitare, elle a tout compris. Elle sait parfaitement sortir de son ampli ce qu’elle vit, ce qu’elle est, comme un certain Jimi Hendrix, osons la comparaison : « Je ne partageais quasiment rien avec les gens de mon âge … En revanche, passer mon adolescence dans les clubs de blues, c’est ça qui me faisait vibrer. À l’époque je voulais surtout qu’on me prenne au sérieux, être légitime d’être là où je me trouvais. Aujourd’hui je veux surtout partager ma musique avec le public et profiter de chaque instant. »
Intègre, généreuse et talentueuse, Nina Attal n’est pas forcément connue du grand public. Mais ce n’est pas grave. Elle trace tranquillement son sillon et le temps lui donnera forcément raison. A 29 ans, Nina Attal peut faire sienne ces vers de Guy Charles-Cros :
« Avec des mots chantés à voix profonde et douce
Avant qu’un peu de terre emplisse notre bouche
Confier à la vie notre lucide amour
C’est là notre travail sans trêve et notre fête
Notre raison de vivre et de mourir poète
Notre unique et divin recours »
Pascal Hébert
CD : Pieces of Soul (Zamora)