Il était une fois – et, malheureusement, ce n’est ni la première, ni la dernière – une jolie rue de Chartres, bordée de belles maisons de ville traditionnelles, toutes de même type et de même hauteur – un étage + comble – qui risque d’être troublée et défigurée par la construction d’un immeuble de 5 étages, tout à fait incongru.
Comment est-ce possible ? Tout simplement parce que le permis de construire a été délivré par le maire qui se réfère à un règlement d’urbanisme (Plan Local d’Urbanisme) qu’il a sciemment instauré, avec comme principal objectif la densification (aveugle), d’où la quasi absence de contraintes et des hauteurs d’immeubles autorisées aberrantes.
Fi de la qualité architecturale, fi de l’unité paysagère, fi de la cohérence urbaine, fi du respect du voisinage, fi de la tranquillité des riverains : les promoteurs ont le champ libre pour « bourrer » les terrains qu’ils libèrent à coup de démolition et d’abattage d’arbres. Ainsi la plupart des opérations actuelles sont surdimensionnées. Les conséquences, risques et nuisances, sont multiples : disparition des jardins en cœur d’ilot, imperméabilisation des sols, augmentation du trafic routier… sans compter les inquiétudes des riverains.
Le PLU de Chartres est assurément désastreux : sa révision s’impose d’urgence… En attendant, les habitants, qui ne découvrent les projets immobiliers que le jour où le panneau du permis de construire est affiché en clôture de terrain, ne peuvent que déposer des recours pour s’opposer à l’autorisation et éviter la catastrophe. Ce qui engendre aussi des dépenses.
De plus, cette densification à outrance se traduit principalement par des projets de construction d’immeubles donc d’appartements au détriment de maisons individuelles avec jardin, pourtant très recherchées. Cette folle escalade risque fort d’aboutir à une offre pléthorique d’appartements qui ne trouveront pas tous preneur, d’autant que de nombreuses opérations immobilières du même type sont lancées dans les communes riveraines de Chartres.
Face à ces véritables agressions qui dénaturent le paysage urbain et troublent le voisinage, il est probable, si ce n’est souhaitable, que les habitants de Chartres s’organisent en collectif ou en association pour défendre leurs droits. Ils n’ont pas d’alternative.
Il existe pourtant d’autres moyens bien plus acceptables d’agir pour augmenter l’offre de logements : réduire le nombre d’habitations vacantes en les rénovant, construire sur des terrains nus ou dans des friches, surélever des constructions, etc. Encore faudrait-il se fixer des objectifs raisonnés en terme de besoin ! Trop, c’est trop !
Parfaitement consciente des conséquences néfastes et irréversibles que permet le PLU de Chartres, l’association Chartres écologie est disposée à se tenir à l’écoute des habitants pour juger de l’opportunité des projets immobiliers qu’ils pourront lui signaler et les conseiller, le cas échéant, dans les démarches à suivre. Nous constituerons ainsi un observatoire qui permettra à tous les Chartrains de prendre conscience des enjeux : il en va de la sauvegarde du patrimoine urbain de notre ville ! Ne laissons pas les promoteurs immobiliers façonner le paysage à leur seul profit.
Patrick Chenevrel
Chartres Ecologie a entrepris de recenser ces projets immobiliers aberrants. Vous trouverez un carte interactive qui a malheureusement vocation à se compléter ici : https://www.chartresecologie.fr/carte/