Refrain entendu lors d’une conversation amicale, à propos des feux de forêt : « C’est à cause des écolos ». Je cherche à comprendre, voici les arguments avancés par mon interlocutrice : les élus écolos refusent les travaux d’aménagement qui permettraient de circonscrire les feux, car ils ne supportent pas qu’on touche aux arbres, qu’ils considèrent comme sacrés. Ils s’opposent systématiquement à toute mesure qui permettrait de «nettoyer» les forêts.
Je réponds que 75 % des forêts françaises appartiennent à des propriétaires privés qui ne peuvent pas toujours - ou ne veulent pas - y effectuer des travaux. Et qu’à preuve du contraire, les écolos ne sont pas au pouvoir. Qu’ils alertent depuis un demi siècle sur le changement climatique et proposent des mesures concrètes de sobriété et de bon sens pour l’enrayer, ce pourquoi ils sont considérés comme des rigolos, des irresponsables. Des empêcheurs de polluer, de surconsommer, adeptes du retour à la bougie.
Quelques jours après cette conversation, j’écoute d’une oreille une interview de Louis Alliot, maire RN de Perpignan, sur France Inter, jeudi 11 août. J’entends les mêmes inepties. Ce type qui déplore l’inaction des écolos qui contrecarrent toute action en faveur du climat ! Cette fois, la réplique est radicale et directe. J’éteins la radio. Basta, marre de la connerie, même dans une seule oreille.
Il est possible de répliquer, d’expliquer, lors de discussions entre connaissances. Mais quand les contre-vérités de prétendues élites péremptoires et toxiques sont assénées via des médias complaisants, la radicalité me guette. Ainsi, comment peut-on encore aujourd’hui se déclarer climato-sceptique, à l’instar du maire de Chartres ?
Mais on peut espérer que la stigmatisation des écolos indique l’émergence de la prise de conscience face au dérèglement climatique.
Anne Loubeau
Légende de la photographie : fleurs de Crassula ovata.