Le maire de Chartres ne vote plus. Non qu’il se soit désinscrit des listes électorales : lui qui préside, et conseil municipal, et conseil communautaire, ne prend plus part au vote des délibérations depuis cette année. Il le mentionne, la caméra le donne à lire à l’écran, qu’on se le dise : il ne prend plus part au vote. Comme on reste à bonne distance à l’heure du festin, ou de l’hallali. Comme on se refuse une part de gâteau, ou une part du butin – lui qui était plutôt porté à la part du lion.

Drôle de pénitence : quelle prudence y pousse de la sorte ? Pourquoi tant de précaution ? C’Chartres, Chartres Métropole, lui qui en concocte et contrôle tous projets et autres décisions, qui en écarte sans pitié toute proposition qui le contrarie, voilà qu’il se refuse la cérémonie du « oui » qui se répète à longueur de séances. Et même lorsque le « oui » surgit, par vingt années de réflexe, comme au dernier conseil municipal, il demande à le faire effacer ! Vite, rembobinez…

Evidemment, chacun s’interroge devant ce grand théâtre de la réserve et du retrait : on ne croit ni à une soudaine révélation de la rigueur morale, ni au plaisir généreux de laisser les autres confirmer ses vœux librement, ni au doute quant à ses diktats (ce ne serait pas cohérent). Est-ce alors la honte, après tant de méfaits ? Mais alors il s’amenderait, ce qui n’est pas le cas, on en est loin. La peur ? Mais de quoi, diable ? N’est-il pas incontesté et entouré d’appuis zélés ?

Cherchons, si vous voulez bien, cher lecteur, l’origine de cette grimace, dans ces assemblées où l’on ne nous a habitués qu’au calcul et au mensonge.

Chantal Vinet