Une conférence s’est tenue le samedi 26 octobre 2024 à la collégiale Saint-André de Chartres. Elle avait pour but de présenter l’état de la recherche concernant la présence d’un amphithéâtre antique dans le quartier Saint-André. Cette conférence fût animée par C’Chartres Archéologie en partenariat avec le service d’archéologie préventive d’Eure-et-Loir. Cela m’intriguait, je m’y suis donc rendu.

Quelle présentation passionnante ! Un diaporama commenté par les trois archéologues en charge du projet a permis au public d’entrevoir les vestiges qui se trouvaient sous ses pieds. Depuis la fin du XIXèmesiècle, de nombreux travaux de voirie ainsi que des chantiers immobiliers ont favorisé l’accumulation de plusieurs dizaines d’observations ponctuelles. Toutes ces données acquises au fil du temps, combinées aux nouvelles technologies informatiques, permettent aujourd’hui de poser les contours hypothétiques de cet édifice antique, petit frère de l’illustre Colisée de Rome.

Dans l’hypothèse provisoire obtenue grâce à la géométrie, ce bâtiment de forme elliptique ferait 115 mètres de longueur pour 100 mètres de large. Il s’étendrait de la rue Chantault jusqu’au tertre Saint-Nicolas, en passant au beau milieu de la collégiale Saint-André. Il se situerait dans les dimensions habituelles des amphithéâtres implantés en Gaule à cette époque, proche de celui d’Arles ou de Nîmes. En s’appuyant sur ces exemples, les archéologues estiment que ce premier Colisée chartrain pouvait accueillir environ 20 000 spectateurs lors de combats de gladiateurs.

La suite de ce projet de recherche consiste désormais à explorer les caves et les jardins du quartier Saint André, avec l’accord des propriétaires, dans le but de trouver de nouveaux vestiges non encore répertoriés. Des prospections à l’aide de machines sophistiquées permettront également de détecter les anomalies de sous-sol. Ces nouvelles données seront utiles pour dater plus précisément la construction et l’abandon de ce bâtiment emblématique de la ville d’Autricum (ancien nom de Chartres à l’époque romaine). Ce travail de datation, de confirmation et de précision des hypothèses est encore loin d’être terminé pour les archéologues. Enquête à suivre donc…

Ce qui semble certain en 2024, c’est que l’ouverture récente d’un nouveau Colisée chartrain n’est pas un hommage mais une perpétuation d’un système politique ayant fait ses preuves depuis plusieurs millénaires maintenant. L’utilisation massive du sport et du spectacle comme instruments de domestication des foules n’est pas nouvelle, loin de là. Un peuple qui se contente d’un peu de pain et de beaucoup de jeux est facile à contrôler. On l’empiffre pour ne pas qu’il se rebiffe. On l’amuse pour ne pas qu’il accuse… Pendant ce temps, de Néron à Trump en passant par JPG, des êtres ivres de pouvoir conduisent tranquillement l’humanité vers son propre déclin. Voulons-nous vraiment finir comme l’Empire romain ?

Sylvain Desmaison

Illustration obtenue grâce à l'IA qui s'avère bien pratique pour représenter ce qui n'existe plus et ce qui n'existe pas encore...