Convoqué le 17 septembre à 20h30 pour mon quatrième conseil municipal, je m’y rends serein, confiant dans la préparation réalisée le dimanche précédent avec mes colistiers et soutiens de Chartres Écologie pour venir à bout de l’examen des 70 délibérations à l’ordre du jour. Évidemment, rien ne va se dérouler comme prévu…
Tandis que l’essentiel des conseillers sont à leur place dans « la fosse » à l’heure dite, Jean-Pierre Gorges et ses adjoints s’installent en majesté avec quinze minutes de retard, sans bien sûr s’en excuser.
Comme cela devient une habitude, Jean-Maurice Duval ouvre les débats, lancé par la présentation d’Olivier Maupu remplaçant dans nos rangs Chantal Vinet. Le persiflage attendu se déploie alors durant de longues minutes pour se moquer de notre sens de la parité, puis commenter les commentaires laissés à la suite des articles de Cactus.press. Bref, dix minutes perdues pour commencer !
Avant de rentrer dans le récit de ce qui transformera cette séance en théâtre mélodramatique, quelques perles de notre premier magistrat qui continue à monopoliser la parole pour de longs monologues faisant suite aux questions et explications de vote des élus de Chartres Écologie, presque les seuls dotés de parole, semble-t-il. Face au silence absolu des élus LREM, Chartres à Gauche est tout de même intervenue pour déplorer, à juste titre, la subvention déguisée faite à l’enseignement catholique par la cession à prix défiant toute concurrence d’un terrain de la ZAC de la Courtille. Mais revenons aux fulgurances verbales de notre premier magistrat :
• « Quel intérêt de laisser une place aux élus dans les commissions d’appel d’offres qui traitent des marchés des prestations et travaux auxquels ils s’opposent ? »
• « Vous ne connaissez pas notre ville, vous n’êtes pas de Chartres mais de Thivars ! » (à mon égard),
• « Salvador Allende : il jouait dans quelle équipe déjà ? »
• « Chartres en Lumière a décidé de nombreux nouveaux Chartrains à s’installer dans notre ville ».
Il est épuisant de subir les interminables leçons du maire en réponse de chacune de nos interventions (douze pour ce conseil). Mais, même si elles n’influent pas sur l’issue du vote majoritaire, elles permettent d’y voir plus clair dans les projets gorgiens. Le maire nous confirme donc l’acquisition de 160 à 200 hectares de terrains agricoles au nord de l’agglo pour accueillir un futur parc touristique médiéval à la faisabilité économique incertaine, mais qui sera aisément transformé en zone d’activités économiques, à proximité de l’échangeur de la future autoroute. Soyons rassurés, le monde de demain à Chartres c’est bien celui d’avant-hier !
Etrangement, nous sommes relativement épargnés jusqu’à 23 heures environ. José Rolo, adjoint aux sports, concentre sur lui à chaque lecture des délibérations de son ressort l’essentiel des moqueries dont M. Gorges se délecte. C’est alors que Quentin Guillemain intervient pour s’étonner que le mail Jean-de-Dunois soit débaptisé au profit du nom de Jacques Grand dont le plus grand mérite aurait été, selon le maire, d’avoir permis à Carrefour son installation à La Madeleine sur les terrains dont M. Grand était propriétaire.
La question était pertinente puisqu’aucune présentation du personnage n’a été faite au conseil avant de ratifier ce baptême tandis que les nouvelles plaques sont déjà posées sur site ! Gorges y répond par : « vous avez insulté la mémoire de cet homme dont le fils est ici présent, vous méritez pour cela une paire de claques ! ». Scandalisé par cette réaction, je reprends alors la main pour exiger un peu de tenue à notre maire avant que celui-ci ne politise le débat en évoquant les noms de Salvador Allende et Fidel Castro qui auraient certainement plus nos faveurs. Ce qui permet à nos voisins de Chartres à Gauche de se sentir autorisés à participer aux échanges.
La houle vient tout juste de se calmer lorsque je prends la parole, comme prévu, pour exposer le sombre tableau que nous dressons de l’opération Pôle Gare (79 millions dépensés en dix ans, pour quel résultat ?). Après un exposé calme mais radical et résolu, j’essuie la série d’attaques personnelles habituelles (je dis n’importe quoi, je ne prends pas le train, je ne suis pas vraiment Chartrain, je n’ai pas de quoi être fier de mes réalisations architecturales à Chartres, etc). Surtout, ma parole est disqualifiée parce qu’elle ne reflèterait que l’opinion de 5% des électeurs chartrains, en raison du taux de participation de la dernière élection municipale.
À mon objection que cela s’applique également à son score, il m’est répondu que seuls l’extrême droite et les écolos bénéficient d’une prime électorale en cas de forte abstention ! Par une conclusion dont il a le secret, Gorges finit par qualifier mes propos critiques de fascisants, ce qui d’instinct me fait me lever pour quitter la séance. Personne n’écoutera les explications du pauvre Daniel Guéret tentant de défendre son Pôle Gare tandis que Brigitte, Quentin et Olivier, solidaires comme je n’en doutais pas, m’emboîtent le pas. Jacqueline Marre et Boris Provost nous rejoindront dehors cinq minutes plus tard après avoir exprimé leur désaccord avec l’attitude provocatrice du maire.
Peu habitué à agir d’instinct, je loue pourtant le réflexe qui m’a animé, geste politique qu’il était nécessaire de poser face à l’outrance. Un seul regret toutefois, ce geste n’a pas permis à Olivier Maupu d’intervenir au sujet de la ZAC du Plateau Nord-Ouest (derrière le lycée Jehan de Beauce), actuellement au point mort, pour demander l’abandon de ce nouveau projet d’étalement urbain et le reclassement agricoles de ces surfaces.
Cet épisode, suivi de nouveaux propos insultants de Jean-Pierre Gorges (L’Écho républicain du 19 septembre) où Quentin et moi-même sommes qualifiés de « Khmers verts visant à semer le désordre à Chartres », n’a fait que renforcer l’unité dans nos rangs et le soutien de Chartres Écologie et de ses amis.
Nous reviendrons siéger le mois prochain, responsables, solidaires et créatifs ! D’ici-là, courage à Brigitte et Quentin qui remettront ça jeudi 24 septembre à 18h30 au conseil d’agglomération, salle Ravenne à Chartrexpo.
Jean-François Bridet
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