Le site du Carmel, localisé sur le territoire de la commune de Lèves, mais très lié à la commune de Champhol (dans la continuité du lotissement des Champs-Brizards), est l’objet de toutes les attentions ces dernières semaines.

En effet, un permis de construire autorisant la construction d’un projet immobilier de 100 logements et le double de places de stationnement en souterrain a été délivré par le Maire de Lèves sur une parcelle constructible de 6 726 m², en lieu et place d’un monastère contemplatif réuni dans des constructions du début des années 1980, dans un environnement forestier aux chênes centenaires.

Composé de 9 bâtiments hexagonaux d’une centaine de m² chacun et d’une chapelle, ce site boisé particulièrement paisible a été estimé par les domaines à 1,5 millions d’euros en 2016. Il aurait pu être reconverti en résidence pour personnes âgées, centre de loisirs ou autre équipement d’intérêt collectif… si les élus de Lèves avaient fait ce choix !

En 2018, lors de l’approbation du plan local d’urbanisme (PLU) de Lèves, M. Martial, Maire de Lèves, et son équipe en ont décidé autrement.

  • Ils ont fait le choix de ne protéger aucun arbre de ce site au caractère forestier.
  • Ils ont fait le choix de définir des règles d’urbanisme d’immeubles collectifs en autorisant des emprises au sol élevées et des hauteurs conséquentes (immeubles sur trois niveaux).
  • Ils ont fait le choix d’autoriser la destination de logement, sur un site aussi isolé du reste de la commune de Lèves. Un site insuffisant en matière de desserte, d’accès et de réseaux. Un site particulièrement sensible d’un point de vue du paysage et de l’environnement.

Le but de ces règles du PLU choisi par cette municipalité : convertir le site en logements collectifs, attirer des promoteurs, réaliser un maximum de logements et récupérer un maximum de taxes d’aménagement et de taxes foncières. Un but uniquement financier, sans prise en compte du cadre paysager et des riverains du quartier des Champs-Brizards de Champhol.

Lorsque M. Martial évoque dans les colonnes de l’Écho républicain « nous sommes dans un État de droit », il évoque les règles d’urbanisme qui s’appliquent dans sa commune depuis 2018, autrement dit, les règles d’urbanisme qu’il a souhaitées, rédigées et signées. Finalement, selon lui, le droit, c’est lui.

Les élus doivent être garants de l’intérêt général :

  • L’intérêt général de préserver des arbres centenaires qui avaient été protégés à l’occasion de la construction du Carmel ? Rien n’a été fait dans ce sens.
  • L’intérêt général de sauvegarder des éléments du patrimoine bâti, à l’image d’une chapelle ? Rien n’a été fait dans ce sens.
  • L’intérêt général de reconvertir des constructions d’une quarantaine d’années en équipement d’intérêt collectif ? Rien n’a été fait dans ce sens.
  • L’intérêt général de définir des règles constructibles en adéquation avec l’environnement ? Rien n’a été fait dans ce sens.

Une modification du PLU de Lèves a été initiée en 2022, sans concertation. Plusieurs habitants se sont manifestés au moment de l’enquête publique, pour dénoncer un potentiel projet trop dense sur ce site, à l’impact trop élevé. La mairie de Lèves a balayé les arguments d’un revers de manche : ce n’est pas le sujet de la modification !

En délivrant le permis de construire en 2023, M. Martial autorise la destruction de bâtiments récents et en bon état. Il permet la construction d’un parking souterrain en béton de près de 200 places stérilisant les sols, et l’abattage de dizaines d’arbres forestiers. Il autorise la création de 100 logements collectifs au cœur de la forêt, le long d’un lotissement. Le béton coule à flot à Lèves. La densité de 100 logements sur une zone constructible de 6 726 m² (soit 150 logements/hectare) est bien supérieure à la densité moyenne en logements de… la ville de Paris (127 logements/ha) ! Cet urbanisme-là, choisi par l’équipe municipale de Lèves, est violent !

Le Collectif Brizards-Longsault adresse un recours gracieux au Maire de Lèves. Un recours contentieux est envisagé en cas de non-prise en compte du premier. Gageons que les juges du tribunal d’Orléans pourront en conclure de la même manière que pour la rue Chauveau-Lagarde : les constructions ne s’intègrent pas dans leur environnement immédiat composé d’une forêt et d’un lotissement de maisons individuelles, et que le permis de construire délivré sera tout simplement annulé.

Pour ce type de projet aussi important et aussi impactant, il est invraisemblable de ne pas engager une véritable concertation préalable, pour expliquer, convaincre, et (éventuellement) prendre en compte l’avis de la commune voisine, et des habitants. Un projet de reconversion du site aurait été possible. Un projet résidentiel de moindre ampleur, réfléchi, avec des transitions par rapport au pavillonnaire, et sans abattage d’arbres, aurait été accepté par les habitants des Champs-Brizards. Quant à la rue de Longsault, déjà saturée, elle risque de voir son trafic routier encore gonfler.

Comment ces 200 à 250 nouveaux habitants seront-ils intégrés à la vie de la commune de Lèves ?

Rassemblement samedi 1er avril à 10h devant le Carmel. Marche symbolique jusqu’à la Mairie de Lèves à 11h30.

Olivier Maupu