AU THEATRE CE SOIR

À tous ceux qui n’ont pas pu se rendre disponibles pour suivre en direct et en vidéo le conseil municipal de ce vendredi 10 juillet, je livre mes impressions de conseiller d’opposition, descendu du ring rincé après 4h30 de débats, mais fier d’avoir représenté les électeurs de Chartres Écologie au sein de cette troisième assemblée. Ce troisième acte du nouveau mandat confirme la configuration politique que le maire veut imposer à son conseil :

• Une masse majoritaire silencieuse, à l’exception d’une intervention dûment préparée par J-M Duval, « sniper » officiel, applaudi par ses colistiers après avoir une nouvelle fois mis en cause Chantal Vinet (quel courage de s’attaquer aux absents !) et cité précisément Cactus.press. Les adjoints s’expriment rarement à l’invitation expresse du chef ou pour lire les délibérations liées à leur délégation,

• Chartres Autrement (LREM), quasiment réduit au statut de spectateur : deux interventions dont une question technique (le manque à gagner de Q-Park durant la période de confinement) et un hommage au lancement (enfin !) de la politique de revitalisation du Cœur de ville.

• Chartres à Gauche, dont les questions ou remarques (qui rejoignent d’ailleurs le plus souvent notre propre sensibilité) sont toujours accueillies avec la plus grande cordialité par JPG : « Vous avez raison », « Très bonne question », « Je vais vous rassurer », etc,

• Chartres Écologie : les agitateurs scandaleux qui ne comprennent rien, veulent imposer un fascisme vert et empêcher de tourner un système de pouvoir si bien huilé. Les accusations à notre égard sont violentes, de mauvaise foi et à la limite de la diffamation, mais nous sommes fiers de tenir de rôle de « mouche du coche » qui semble tant agacer M. Gorges,

• Un maire, président de séance omnipotent et disposant à discrétion du droit d’attribuer ou de couper la parole aux conseillers municipaux, par simple action sur le branchement de leur micro. Ainsi, quasiment toutes les interpellations (d’une durée d’1 à 2 minutes) sont suivies d’un monologue de 5 à 10 minutes de M. Gorges digressant dans tous les domaines pour continuer à tresser sa couronne de lauriers et décrédibilisant les intervenants issus de Chartres Écologie par des attaques personnelles. Il ne fait jamais l’économie de l’anecdote qui renforce encore la dimension personnelle de son pouvoir. Ainsi, à ma proposition de réduire les déchets à la source pour remplacer les containers enterrés par des fosses pour de beaux arbres, il répond ainsi : « Je suis le premier à réduire mes déchets, je vais tous les samedis faire mes courses sur le marché avec mes propres emballages. Je ne mets les pieds dans les supermarchés que pour y signer mes bouquins ». Cette distribution des rôles se double d’une scénographie imposée par l’hémicycle du Conseil Départemental (en attendant la livraison du pôle administratif…) qui positionne le maire et ses premiers adjoints en hauteur par rapport au reste de l’assemblée.

Après trois séances, quelques automatismes se dégagent dans la rhétorique du maire, quel que soit le sujet abordé ou la question posée par les élus de Chartres Écologie :

• « Je, je, je… » Il fait tout et a tout fait à Chartres et ne cite qu’une fois son équipe dans la séance. L’usage de la 2ème personne du pluriel lui est inconnu,

• Dans tous les domaines, Chartres est la meilleure ville de France : il a même été sollicité par l’État pour présenter l’opération exemplaire Cœur de ville, qui pourtant n’a pas débuté !

• La légitimité à siéger de Quentin Guillemain (dont les interventions ne sont plus qualifiées de minables mais d’affligeantes par le maire….) est systématiquement mise en cause : « Vous êtes un agitateur parachuté à Chartres pour y installer le désordre, mais nous ne vous laisserons pas faire »,

• Mépris et paternalisme : « Il va falloir apprendre à rester dans votre boîte », « Nous proposons de vous former, cela vous évitera de dire des mensonges »,

• Mise en cause de mes compétences professionnelles s’appuyant sur des réalisations pour Chartres Habitat datant d’une quinzaine d’années et évocation de ma responsabilité dans le surcoût du Pôle Administratif en tant qu’opposant historique au projet !

• Passage en revue du programme « fascisant » de Chartres Écologie pour le caricaturer et le tourner en dérision : il ne cesse de « refaire le match »,

• Ultime réponse aux critiques faites à la gestion et aux aménagements locaux : « Pourquoi restez-vous à Chartres si vous y êtes si malheureux ? »,

• Le prix à payer en séance est assez cher, mais nous devons continuer à assumer l’indispensable rôle de l’opposition démocratique. En effet l’étude attentive des délibérations (39, vendredi soir), souvent techniques pourtant, et les questions qu’elles nous inspirent permettent d’obtenir de précieuses informations sur l’avenir de notre ville et sur la « philosophie profonde » qui anime le maire en place,

• Au sujet de l’offre d’animation pour la jeunesse en cet été de sortie de confinement où il importerait de reconstruire du lien et où la ville a supprimé les accueils ados dans tous les quartiers, voici l’offre qu’il revendique : réouverture de la maison Picassiette, reprise de Chartres en Lumières, permanence du BIJ (Bureau Information Jeunesse), réouverture de l’Odyssée (sur réservation avec hausse des tarifs) et développement des terrasses des cafés (même s’il reconnaît que le verre de vin rouge est un peu cher !). Je crois bien que les jeunes vont s’éclater. Il a certes affirmé en préambule que « ça n’est pas à la commune de s’occuper des jeunes, les familles sont là pour ça et n’ont qu’à s’organiser pour partir en vacances. Il l’a toujours fait lui-même pour ses 4 enfants et 8 petits-enfants »,

• L’augmentation des tarifs de l’Auberge de Jeunesse s’explique par la préparation de son déménagement dans l’actuel foyer M. Gaugeard (EHPAD en basse-ville) dont les lits seront transférés sur le plateau de Rechèvres avec ceux de l’Hôtel-Dieu. Mieux située et dotée d’un meilleur standing, la future auberge de jeunesse se devra donc d’être plus coûteuse pour ses futurs visiteurs,

• La friche de l’ancien site EDF (au pied de la route d’Ablis entre le Petit Bouillon et la place Morard) devrait accueillir une « résidence sénior » haut de gamme (comme la résidence Saint-Charles à proximité). J’ai regretté publiquement la privatisation d’une parcelle stratégique pour l’entrée de ville et les opportunités d’amélioration de la place Morard qu’elle pourrait offrir. Nous apprenons alors que le projet est inclus dans une ZAC, pour laquelle pourtant aucune information publique n’a encore été révélée…Le maire développe alors sa vision sur les boulevards et la circulation évoquant même le passage en sens unique des boulevards pour laisser toute la place aux piétons, vélos et bus sur les infrastructures actuelles. Je l’invite à expérimenter rapidement et à accélérer ce mouvement que nous pourrons soutenir et l’engage surtout à intensifier le volet concertation de la ZAC, ce qui pourrait limiter le risque de recours. En réponse à cette main tendue, il m’accuse de chantage !

Nous avons tenté d’esquiver, nous avons encaissé, nous étions crevés, mais nous avons bien dormi avec le sentiment du devoir accompli. Nous continuerons pour Chartres Écologie !

Jean-François Bridet

27 mai 2020, mon premier conseil municipal
15 juin 2020, mon second conseil municipal