Un jour viendra couleur d'orange, de Grégoire Dalacourt
La rentrée littéraire s’annonce sous de bons auspices lorsque l’on découvre un roman aussi puissant et sensible que celui de Grégoire Dalacourt. Avec Un jour viendra couleur d’orange (titre emprunté au poème de Louis Aragon et médiatisé par Jean Ferrat), Grégoire Delacourt oscille entre le social et les sentiments. Deux thèmes qui se marient bien en général lorsque les ingrédients sont justement dosés. Avec ce roman exceptionnel, l’auteur touche sa cible en plein cœur. Il faudrait justement ne pas en avoir pour ne pas tomber sous le charme de tous les personnages que l’on découvre au fil de la lecture. Avec Grégoire Delacour, toutes les femmes et les hommes qui traversent son livre ont une âme et du cœur. Ils ont un visage que ce soit dans la colère, la douleur ou l’amour. Par les temps qui courent cela fait du bien de lire un roman de ce calibre.
Cette histoire se situe au moment de la crise des gilets jaunes. Pierre, qui n’est pas bien dans sa vie, rejoint le mouvement de la contestation avec d’autres âmes perdues dans leur solitude. Pierre est le mari de la douce Louise, infirmière. Ils ont un enfant pas comme les autres. Un garçon de 13 ans, qui vit dans son monde. Sur une planète où sont peu nombreux ceux qui peuvent y accéder. Geoffroy est le fil conducteur de cette histoire si humaine avec son cortège de personnages mal dans leur peau, mal dans leur vie comme on peut effectivement le voir autour de nous. Face à ce monde de la colère sourde et de la violence contenue ou qui éclate, il y a un autre univers. Un univers magnifié par Geoffroy bien loin de tous ces gens qui ne s’aiment pas.
Dans cet univers où la logique est géométrique, c’est le langage du cœur qui parle. Au cocktail molotov, insultes en tout genre et réactions extrémistes, l’amour apparait comme une espérance incarnée par la jeune Djamila. Une jeune fille d’aujourd’hui pleine de vie et de beauté. Mais cette divine reine de Saba n’en a cure des adolescents de son âge. C’est vers la pureté de ce garçon pas comme les autres qu’elle guide ses pas et son cœur. Elle saura ouvrir celui de Geoffroy pour un amour où cessent tous les tourments.
Lorsque les yeux quittent cette histoire prenante, nous reviennent alors les vers de Louis Aragon : « Un jour pourtant un jour viendra couleur d’orange/Un jour de palme un jour de feuillages au front/Un jour d’épaule nue où les gens s’aimeront/Un jour comme un oiseau sur la plus haute branche ». Un autre poète, Claude Nougaro, lui répond : « Il serait temps que l’homme s’aime/Depuis qu’il sème son malheur/Il serait temps que l’homme s’aime/Il serait temps, il serait l’heure/Il serait temps que l’homme meure/Avec un matin dans le cœur/Il serait temps que l’homme pleure/Le diamant des jours meilleurs ».
Pascal Hébert
Un jour viendra couleur d’orange, de Grégoire Dalacourt, éditions Grasset, 268 pages.