Tous les coups ne sont pas permis
Le dernier conseil municipal, celui du 27 mai, a été le théâtre d’une sorte de tribunal mis en scène par la majorité municipale et par le maire, comme si ces derniers n’avaient pas des tâches plus utiles à accomplir. Les cibles des tenants actuels du pouvoir sont loin d’être à terre, pour reprendre le titre de l’article qui rend compte de cet épisode : être candidat écologiste, c’est certes être accablé, harcelé, oui, mais la force intrinsèque qui anime celui-ci n’en ressort que mieux. C’est là l’hommage que le vice rend à la vertu.
La hantise de l’opposant
MM. Gorges et Lizurey, pour ne citer qu’eux, sont passés spécialistes dans l’art totalitaire (stalinien, j’insiste) de la propagande et des procès biaisés à l’encontre de leurs opposants ; c’est, en réalité, de la peur : ils reconnaissent au fond à ceux-ci le statut de souffleurs d’oxygène, sortes d’urgentistes susceptibles de convaincre un électorat de plus en plus sensible à l’idée que l’on pourrait vivre autrement, et à coup sûr mieux qu’avec leurs projets jamais débattus, démentiels, destructeurs, conduisant une communauté entière vers la faillite, pour ne pas dire plus. Les vidéos du Conseil municipal demeurent inaccessibles au public (auxquelles elles appartiennent pourtant tout autant qu’au maire ; il faudra y revenir), mais on se souvient que le général Lizurey, adjoint à la sécurité, a manifesté une malignité surprenante au cours des précédentes assemblées en interpellant Quentin Guillemain, qu’il ne pouvait connaître avant l’élection municipale. Que lui avait donc fait ce conseiller, à ce nouveau venu dans la gorgie ? On est alors resté sur cet étonnement.
Audition au Sénat
Cette agressivité de l’ancien gendarme forcément en service commandé par le président de l’agglo (le maire de Chartres, donc) contraste avec la politesse appuyée que le même homme, ce haut gradé, observe avec les membres de la commission sénatoriale du 11 septembre 2018 qui tentent de lui faire dire pourquoi il a accordé au garde du corps présidentiel Benalla le grade de lieutenant-colonel. La phrase récurrente est : « Cela n’entrait pas dans mon champ de compétences ». Spectacle assez rare d’évitement : il accumule dans ses réponses dilatoires à des constitutionnalistes précis les contradictions piteuses. Contrairement aux vidéos chartraines, cette séance est visible sur le net. Aujourd’hui, ce monsieur, recyclé par la mairie de Chartres à l’heure de la retraite, s’apprête à chapeauter rien moins que la vidéo-surveillance sur toute l’agglo, jusqu’au moindre village. Qui le sait ? Qui s’en soucie ?
L’aspiration au renouvellement
N’y aurait-il pas autre chose à faire ? Dans ce contexte, on ne peut que rendre grâce aux élus d’opposition écologiste et aux citoyens qui sont candidats aux Départementales, aux Régionales, dans le but de faire prévaloir d’autres priorités, de défendre des urgences autrement prégnantes. Qu’ont-ils dans la tête, ces caciques qui se reconnaissent « vieux » (M. Lizurey le dit à ses interrogateurs du Sénat, et fait l’éloge de la jeunesse) et pourtant s’accrochent à leurs sièges en faussant grossièrement tous les débats ? Qui instrumentalisent éhontément la question de la sécurité tout en contribuant à maintenir le feu qui couve. Qui ne se vantent pas des indemnités et autres jetons de présence dont l’addition écoeurerait même un salarié confortable. Ainsi que l’écrit un des correspondants de Cactus sur ce procès hors sujet, on peut douter de la légalité d’un tel procédé, qui consiste pour M. Gorges et ses complices à prendre en otages au moment du Conseil municipal des élus d’opposition (qui n’ont pas un accès aux médias égal, loin s’en faut, à celui dont jouit la majorité) afin de torpiller, croient-ils, leur campagne tout à fait loyale. C’est en tout cas contraire à la déontologie que doit observer celui qui a la charge de conduire les débats.
Ce qui se passe dans l’enceinte du Conseil à Chartres est grave. Mais les accusateurs de mauvaise foi installés à la mairie ne font que révéler d’eux-mêmes ce qu’ils dénoncent : la volonté cynique de garder le pouvoir, quoi qu’il en coûte (qu’on se le dise : ce qui se joue dans les deux élections des 20 et 27 juin, c’est la disponibilité de crédits et subventions, que la mairie passe son temps à traquer pour ses projets). Mais la réalité est ailleurs que dans ces basses combines : les propositions écologistes ont la grande supériorité de relier sauvetage climatique et vaste réparation sociale. Elles tracent une voie de courage et d’effort collectif, vitale pour ceux qui viendront après nous, qui sont déjà là, et qui nous regardent. Pour eux, les électeurs verront clair.
Chantal Vinet, présidente de l’association Chartres écologie.