SportExpress : "Tipically French !"

Le Grand Chelem décrypté au travers des mots et les chiffres. Quel week-end ! Il y a eu les globes de cristal de Quentin Fillon-Mallet et de Justine Braisaz en biathlon, celui de Tessa Worley en géant, le doublé podium Quartararo-Zarco en GP moto, le doublé Ferrari en ouverture de la F1. Et la piètre défaite du PSG à Monaco… Mais c’est au Grand Chelem que sera réservée cette chronique de mots et de chiffres.

Ils ont dit

Merci ! « Thank you, good chelem ! » Ce n’est pas un bon mot juste un excellent titre de L’Equipe, le gros titre du quotidien sportif au lendemain de la victoire du Quinze de France sur l’Angleterre. Pour ceux qui ne sont pas trop au fait de l’histoire du Tournoi, ce titre est tout simplement une réponse aux joueurs anglais et notamment à Will Carling qui, dans les années 90 lors d’une victoire sur les Français, avait serré la main de Philippe Saint-André en lui adressant un « Sorry, good game » (Désolé, bon match). L’Anglais s’était défendu d’une quelconque arrogante ironie. Tu parles ! Et samedi soir, à l’heure du bouclage, les titreurs du journal se sont bien amusés à rendre la monnaie de leur pièce à ces arrogants britishs. Tipically French *!
*Typiquement Français

110 points. « C’est quelque chose de magique. Ce soir (samedi), on a prouvé qu’on était plus qu’un groupe. On a accompli quelque chose de grand. Pour mon premier 6 Nations, faire un grand chelem, il n’y a rien de plus et ça dépasse tous mes rêves. » Il y un an, exceptés les spécialistes, personne ne connaissait Melvyn Jaminet. En quelques mois après une tournée en Australie et notamment un 100% de réussite face aux Australiens, le Perpignanais est devenu l’incontournable arrière du Quinze de France avec 110 points inscrits en neuf matches depuis sa première titularisation l’été dernier. Sans oublier son culot et son efficacité face aux missiles-chandelles des Anglais. Magique, on vous dit…

Foudres anglaises. « Les paris d’Eddie Jones ont échoué et il est temps que les choses changent. Tout le monde sait que sous la direction d’Eddie Jones, cette équipe n’est devenue que l’ombre d’elle-même… » A force de clamer en mode autosatisfaction arrogante que son équipe est sur la bonne voie, que les défaites (Ecosse, Irlande, France) sont fondatrices, qu’ils (les Anglais) allaient « pourrir » Dupont et les Français, le sélectionneur australien, s’attirent les foudres de la presse anglaise . C’est Matt Dawson, ancien international, qui milite pour un départ de l’entraîneur. C’est encore Clive Woodward, son prédécesseur à la tête de la Rose qui lui demande « d’expliquer pourquoi il mérite son poste » avant de constater que « Jones a bâclé le Tournoi des Anglais. » Ca nous rappelle les années blanches du Quinze de France…

Du boulot encore. « On se dit qu’on ne va pas se taper sur le ventre à dire que ça a été bien (…) Il ne faut pas oublier que les autres vont beaucoup travailler ( …) Gagner le Tournoi, c’est magique mais on a encore du boulot… » Outre l’aspect technique, s’il est un domaine où les Bleus ont progressé, c’est le physique. Preuve en est, ils ont conclu le Tournoi en force à la différence des deux précédentes éditions. Ainsi, explique dans Le Parisien/Aujourd’hui Thibault Giroud, directeur de la performance et préparateur physique, fini de parier sur la fraîcheur mais plutôt travailler dur et demander aux corps « de s’adapter à toutes les situations. » Cent fois sur le métier…

Quelques pétales… Et pour une note d’humour, le dessin de Vidberg dans L’Equipe avant France-Angleterre. Fabien Galthié devant la marmite du Stade de France, sa recette « Grand Chelem » dans une main et sa cuillère en bois de l’autre touillant sa potion magique : « Du chardon, du trèfle, du poireau, quelques lauriers… Il me reste à ajouter quelques pétales de rose et ce sera enfin prêt ! » Il n’y a pas que le « French flair » messieurs les Anglais, il y a aussi l’humour à la française…

… et des chiffres

8,95. Record pour un match du Tournoi : le « Crunch » France-Angleterre a été suivi sur France 2 par 8,95 millions de téléspectateurs, soit 38,9 de part d’audience. Bien sûr, on est encore loin des 15,3 de la finale du Mondial 2011 (8-7 pour les All Blacks) et encore plus des 18,3 de 2007 sur TF1 pour la demi-finale du Mondial contre… l’Angleterre. Au rythme où ils vont, les Bleus de Galthié sont bien partis pour battre tous ces records….

2027. Tournoi encore : 76% de victoires, une série de huit succès consécutifs et un premier Grand Chelem depuis douze ans, la réussite de Fabien Galthié à la tête du Quinze de France est indéniablement une réussite. Du coup, accord a été conclu pour un nouveau contrat de sélectionneur jusqu’au Mondial 2027, probablement en Australie. Vu les résultats, actuels, les discussions n’ont pas été très difficiles…

36. Tournoi toujours. Pour un grand bravo au Quinze d’Italie qui, après 36 défaites de rang dans le Tournoi a mis fin à cette série en s’imposant devant le Pays de Galles d’un tout petit point (22-11). Et à Cardiff s’il vous plait ! Et ces Bleus transalpins l’ont emporté grâce à un essai de Padovani après une merveille de relance digne de « nos » Bleus de ses 22 mètres de l’arrière Capuozzo. A la Française, on vous dit…

7. En millions d’euros, c’est environ ce que devrait toucher la Fédération française de rugby pour la conquête du Tournoi. Sur cette somme, 1,85 millions devraient être reversés à la Ligue professionnelle en guise d’indemnisation pour la mise à disposition des internationaux. 60% pour les clubs du Top 14 et 40% pour ceux de ProD2. Un Grand Chelem, ça fait du bien…

(Sources : L’Equipe, Le Parisien/Aujourd’hui, Ouest-France, sites internet)

JHD