Révolution(s) de palais
Le commun des mortels ne mesure pas vraiment ce qui s’est déroulé jeudi 1er juillet au siège du conseil départemental d’Eure-et-Loir. Flash-back historique.
Au début des années 1980, il y a quarante ans, la gauche domine le conseil général (l’ancienne appelation de l’institution départementale) d’Eure-et-Loir. Mais son président – aux colères homériques – de l’époque, Robert Huwart (le grand-père de l’actuel maire de Nogent-le-Rotrou), radical de gauche, ferraille contre le socialiste Georges Lemoine qui rêve de lui piquer la place… L’usure du pouvoir et les dissenssions entraînent finalement l’alternance en 1986.
Martial Taugourdeau, champion de la droite eurélienne (RPR), s’installe dans le fauteuil de président. Cela n’était pas arrivé depuis soixante-dix-neuf ans, du temps d’Emile Labiche. Pendant quinze années, en dépit de ses ennuis de santé, Taugourdeau parvient à conserver l’unité de son camp. Son décès accidentel à l’automne 2001 bouleverse la donne.
Albéric de Montgolfier lui succède, mais doit affronter l’ambition du nouveau maire de Chartres, Jean-Pierre Gorges, de mettre le Département sous sa coupe. De Montgolfier résiste à son encombrant concurrent jusqu’en 2017, date à laquelle il choisit d’abandonner la présidence du CD28 à cause de la loi interdisant le cumul des mandats (il est en même temps sénateur).
À l’automne 2017, Claude Térouinard est porté à la présidence par les « Gorgiens », renforcés par un ou deux transfuges. La tension entre les Gorgiens et les Mongolfiéristes empoisonne l’ambiance jusqu’au renouvellement de juin 2021.
Coup de théâtre ce 1er juillet 2021, alors que Térouinard semble disposer d’une nouvelle majorité, Le Drouais* Christophe Le Dorven, Mongolfiériste patenté, est élu par 16 voix contre 14. Qui a dit qu’il ne se passe jamais rien au CD28 ?
*Soixante-et-un ans après Maurice Viollette.