Quand le corps des femmes appartenait aux hommes...
Retranscription intégrale d'un article de l'Écho républicain, daté des 14 et 15 mai 1949.
"Maîtresse d'un PG allemand, une habitante de Nonvilliers-Grandhoux se fait avorter.
Prisonnier de guerre, l'Allemand Aloys Albers, 28 ans, était employé depuis juin 1945 chez un cultivateur de Nonvilliers-Granhoux. Devenu travailleur libre, en avril 1948, il devint également à peu près à la même date, amant de Geneviève Massant, divorcée Richard, 38 ans, sans profession, demeurant aux Péchardières, commune de Nonvilliers-Grandhoux. Cette femme, mère de trois enfants dont elle a gardé la charge après son divorce, a d'ailleurs la réputation d'être assez légère.
En février 1949, elle s'aperçut qu'elle était enceinte des oeuvres de son ami allemand. Et, tout récemment, elle procédait sur sa personne, et seule, à des manoeuvres abortives qui devaient la libérer rapidement d'un foetus du sexe masculin, de 3 mois et demi.
Malgré la discrétion dont s'était entourée la dame Massant, les gendarmes de Thiron-Gardais eurent vent de cette affaire. Au début de l'enquête, les deux amants nièrent l'avortement, mais perspicaces, les représentants de la loi arrivèrent à obtenir ensuite les aveux de la dame Massant et de son complice. Les déclarations du couple ont confirmé toutefois que l'Allemand Albers n'était pas présent lors de l'opération et qu'il n'a aidé nullement sa maîtresse.
Procès-verbal a été dressé par les gendarmes qui, sur l'avis de M. le Procureur de la République, ont sursis à l'arrestation de la dame Massant, en raison de son état de santé.
Ajoutons que l'Allemand Albers serait en instance de rapatriement et que sa maîtresse le suivrait. C'est la crainte de ne pas pouvoir élever un quatrième enfant, seule - au cas où son amant ne l'aurait pas emmenée - qui aurait incité la dame Massant à se faire avorter."