Pour un soulèvement écologique, par Camille Etienne

Camille Etienne a 27 ans, elle a pris conscience de la menace d’un effondrement dès son enfance passée dans un village de montagne de Savoie, et elle est devenue activiste. C’est son premier essai.

Dès l’introduction, elle dénonce la « croissance verte » qui « n’a de vert que la couleur du dollar, son horizon ! ». Elle déclare que le remède à notre impuissance serait la peur car elle s’oppose au déni et que cette peur est une étape vers la lucidité et l’action. Camille Etienne observe que beaucoup de sociétés vivent en harmonie avec la nature, seules les sociétés occidentales industrielles ont dépassé les limites supportables et imposent leur mythe de croissance infinie.

Sa révolte se dirige à l’encontre du gouvernement français qui réduit de cinq euros les APL pendant que le carburant des jets privés bénéficie d’une détaxation, que l’on demande aux habitants des régions souffrant de sécheresse de ne plus arroser leur jardin, mais cette restriction ne s’applique pas aux greens de golfs. Par ailleurs, comment accepter que nos déchets soient envoyés au Ghana !

Elle s’oppose également à l’idée du conflit entre générations, les milléniums contre les boomers, et déclare que « nous devons mener un combat de l’humanité toute entière pour sa survie ». Elle cite Albert Einstein : « Le monde ne sera pas détruit par ceux qui font le mal, mais par tout ceux qui les laissent faire ! » une forte incitation à agir ! Contre l’idée réactionnaire d’écologie punitive qui entraverait nos libertés, elle déclare que c’est tout l’inverse, l’action écologique est la condition de notre liberté collective.

Pour Camille Etienne, la catastrophe écologique entraînera une réduction des ressources, renforcera les inégalités, provoquera le déplacement de populations et sera la cause de nouvelles guerres.

Comme le titre de son ouvrage l’indique, elle souhaite un soulèvement écologique, c’est à dire refuser d’obéir : à l’injonction à la consommation, au progrès dont le prix se paie par la dépendance aux ressources et dont la raréfaction est source de conflits. Elle affirme que se résigner à l’impuissance, c’est nous priver des libertés aussi fondamentales que respirer un air pur, manger sain, se déplacer et vivre en sécurité. C’est aussi  réduire la qualité de vie des générations futures.

Conclusion : « Le coût de l’action est bien moindre que le coût de l’inaction ! » Agir est une question de survie !

Cet essai est écrit dans une langue claire et accessible. L'auteure ne souhaite pas seulement débattre, mais convaincre et c’est tout à fait réussi. A recommander sans réserve !

Camille Etienne, Pour un soulèvement écologique, dépasser notre impuissance, Le Seuil, mai 2023, 160 pages, 18 euros.

Denys Calu