Pour ou contre l'A154, arguments contre arguments

Cactus recense ci-après tous les arguments des pro-A154 et ceux des anti-A154. Et réouvre l’indispensable débat.

POUR l’A154 : le financement privé de l’ouvrage permettra une réalisation rapide, contrairement à un financement public (par la fiscalité).
CONTRE l’A154 : FAUX. Le problème se résume à un manque de volonté politique. Depuis cinquante ans, les élus d’Eure-et-Loir ont prouvé leur complète inefficacité à convaincre le ministère des Transports d’achever le doublement en 2X2 voies de la RN154 sur 90 kilomètres du nord au sud du département. Trois points noirs sont en jeu : la rocade sud-ouest de Chartres qu’il faudrait recalibrer, l’entrée sud de Dreux-Vernouillet et la zone Saint-Lubin-des-Joncherets/Saint-Rémy-sur-Avre où les riverains sont écrabouillés par les pollutions. Qu’on ose nous dire que l’argent public manque pour réaliser ces travaux d’intérêt général.

POUR l’A154 : les Euréliens ne paieront pas le péage.
CONTRE l’A154 : FAUX. Tous les utilisateurs de l’A154 devront payer, y compris pour aller travailler. Les projections indiquent que le coût du trajet Chartres-Dreux et retour représentera un millier d’euros minimum par an.

POUR l’A154 : l’autoroute permettra de supporter la prévision d’augmentation du trafic routier.
CONTRE l’A154 : FAUX. Les prévisions d’augmentation du trafic routier à moyen et long terme sont sujettes à caution, notamment à cause du renchérissement du coût des hydrocarbures et des perspectives de transport alternatives moins polluantes imposées par l’urgence climatique.

POUR l’A154 : l’A154 permettra de faire disparaître les bouchons automobiles dans l’agglomération de Chartres.
CONTRE l’A154 : MENSONGE. Le trafic actuel dans l’agglomération est essentiellement un trafic de proximité, pas de transit interrégional ou national. Le seul moyen de fluidifier les trafics sur Chartres est de repenser tous les déplacements : adaptation de la rocade, parkings périphériques, développement des transports collectifs, pistes cyclables, etc.

POUR L’154 : l’autoroute sera génératrice de développement économique en favorisant l’implantation d’entreprises à proximité des entrées-sorties.
CONTRE l’A154 : FAUX. Le projet d’A154 ne prévoit qu’une entrée-sortie tous les quinze-vingt kilomètres en moyenne. Les entrées-sorties actuellement disponibles tous les un ou deux kilomètres sur la RN154 seront fermées. Le développement économique que l’autoroute pourrait éventuellement générer sera forcément discontinu. Elle n’est donc pas le meilleur outil de développement des territoires de proximité. Elle sera également dévoreuse de foncier, de terres agricoles très fertiles.

POUR l’A154 : l’autoroute est moins accidentogène qu’une route départementale ou nationale à deux fois une voie.
CONTRE l’A154 : Exact. Cependant, l’autoroute rendra obligatoire la réalisation de voies de substitution (gratuites) pour les usagers qui refuseront d’emprunter l’A154 et d’acquitter le péage. Il y aura forcément des transferts d’insécurité routière vers des zones d’habitation, rurales et périurbaines.

POUR l’A154 : l’A154 sera un gage de rapidité de circulation et donc de compétitivité.
CONTRE l’A154 : Exact dans une logique de déplacement national ou interrégional, mais absolument pas dans la logique du développement local, puisqu’elle consistera seulement en un long sillon – ou « tunnel » – entre un point A et un point B.

POUR l’A154 : l’A154 ne coûtera rien à la collectivité publique puisqu’elle sera financée par une société privée concessionnaire (qui se remboursera et fera son profit avec les droits de péage).
CONTRE l’A154 : FAUX. Les tronçons 2X2 voies de la RN154 (notamment entre Chartres et Dreux) ont déjà été financés par la fiscalité. Le péage sera l’occasion de payer une deuxième fois ! De plus, le concessionnaire exige, avant de commencer les travaux, le versement d’une subvention d’équilibre (de 60 millions d’euros) payable moitié par l’État moitié par les communautés d’agglomération de Dreux, Chartres et le conseil départemental.

POUR l’A154 : le coût de l’A154 sera de 700 millions d’euros.
CONTRE l’A154 : FAUX. Avec les avenants incontournables, la facture sera vraisemblablement d’au moins un milliard d’euros. L’ouvrage qui coûtera le plus cher (plusieurs centaines de millions d’euros) est le viaduc destiné à franchir la vallée de l’Eure à hauteur de la commune de Saint-Prest. À propos des itinéraires de substitution (voir plus haut), les collectivités publiques concernées (communes et communautés de communes et d’agglomération) devront financer de considérables équipements de sécurisation.

POUR l’A154 : l’A154 est moins polluante que les routes, parce que située à l’écart des agglomérations, également dans sa capacité à absorber le trafic des poids lourds.
CONTRE l’A154 : FAUX. L’autoroute est énergivore et destructrice d’espaces agricoles et/ou protégés. Ses effluents mettront en danger la nappe phréatique déjà terriblement dégradée en Eure-et-Loir. Les nuisances seront auditives, visuelles et olfactives. Enfin, ce projet est en totale incohérence avec les résolutions nationales (Grenelle de l’Environnement) et internationales (Accords de Paris, 2015) qui insistent sur l’impérieuse nécessité de privilégier le développement des moyens de transport alternatifs, le ferroviaire par exemple.

Gérard Leray