Mon assassin, de Daniel Pennac
Daniel Pennac n’en a pas fini avec Malaussène et toute cette famille foldingue que l’on a suivie avec gourmandise dans ses aventures abracadabrantesques. Le dernier opus Terminus Malaussène était un enchantement. Il annonçait, malgré une fin de livre plus ouverte, le point final de cette saga commencée au siècle dernier, en 1985 plus précisément.
Avec Mon assassin, Daniel Pennac nous offre une sorte de spin off de Malaussène. Dans ce livre, le romancier nous emmène dans l’arrière-boutique de la fabrication de cette saga comme pour la prolonger… ou peut-être annoncer une suite, on ne sait jamais avec ce diable de Pennac. Avec ce livre inqualifiable, tout comme les romans de Malaussène, on assiste à une série de rebondissements dans lesquels on virevolte d’un personnage à un autre en passant cette fois-ci de la fiction à la réalité et réciproquement.
Même si Pépère devient l’acteur principal de Mon assassin, Daniel Pennac nous livre quelques petits secrets concernant les acteurs qui peuplent Malaussène. Beaucoup sont inspirés d’amis ou de proches. Daniel Pennac, spécialiste du roman noir, avait déjà braqué les projecteurs sur Pépère dans Terminus Malaussène. Personnage haut en couleur dans le milieu du banditisme, Pépère était à la tête d’une bande à sa solde qu’il a éduquée pour commettre crimes et larcins. Cette-fois-ci on découvre la jeunesse de Pépère, appelé pour l’occasion l’enfant Lassalve.
Un drôle de zèbre, cet enfant Lassalve ! Il n’a pas attendu les années pour montrer l’étendue de son talent dans l’art de la supercherie et de l’escroquerie. Embauchant de faux parents pour mener à bien sa petite entreprise, l’enfant Lassalve est un drôle de pistolet allant jusqu’à organiser un pseudo enlèvement pour obtenir une rançon de ses vrais parents. Une histoire de dingue assez bien montée qui verra in fine un coup bien tordu pour récupérer les billets.
Comme le petit chaperon rouge, Daniel Pennac laisse tomber de son stylo des gouttes d’encre permettant aux lecteurs d’éviter de se perdre dans cette histoire ahurissante où le vrai et le faux s’entremêlent à souhait. Si l’on sait à peu près de quels amis Daniel Pennac s’est inspiré pour créer des personnages, à nous de mener l’enquête afin de découvrir d’où vient l’enfant Lassalve, plus connu plus tard sous le sobriquet de Pépère.
Dans ce livre, Daniel Pennac parle également de la littérature : « C’est qu’en littérature, il est impossible d’emprunter ; les propositions qui viennent de l’autre lui sont consubstantielles, or, quoi que nous écrivions c’est notre propre substance, toujours qu’il s’agit. L’envie d’écrire nous quitte dès que nous manquons à nous-même. L’autre n’y peut rien. Tout au plus nous aider à nous retrouver par l’exercice d’une camaraderie active. Une bonne bouteille n’est pas de refus. »
Terminus Malaussène était annoncé comme le dernier épisode de la saga. Daniel Pennac n’a finalement pas laissé ses fidèles lecteurs en rase campagne en publiant Mon assassin. Un dernier rappel avant que le rideau ne tombe définitivement sur les Malaussène ?
Pascal Hébert
Mon assassin, de Daniel Pennac, éditions Gallimard, 155 pages, 18 euros.
Photo Francesca Mantovani