Le pôle administratif : un gouffre sans fond
La triste histoire du pôle administratif de Chartres en huit points synthétiques :
1. Programme initial en maîtrise d’ouvrage communale. « Construction d’un Hôtel de ville et d’un espace multiservices » en lieu et place de la mairie (dite aile Maunoury) et de la bibliothèque, ces deux bâtiments devant être démolis (sans réelles justifications).
2. Programme établi en interne, donc sans AMO (Assistance Maîtrise d’Ouvrage), donc imprécis. Estimation provisionnelle : 32 millions d’euros de travaux (HT ? TTC ?) dont 8 pour le parking souterrain.
3. Concours d’architecture pour désigner le maître d’œuvre ; 5 équipes (architecte et bureaux d’étude) sont mises en compétition. Le lauréat est Jean-Michel Wilmotte associé au cabinet chartrain « Architecture et Patrimoine ».
4. La Commission Nationale des Monuments Historiques examine le projet et émet un avis défavorable. Monsieur Gorges, furieux, fera tout pour le nier. La commission fait des recommandations : les façades doivent être revues, le règlement du Plan de sauvegarde et de mise en valeur (PSMV) doit être respecté, l’hôtel Montescot doit être mieux mis en valeur… Malheureusement, le projet ne repassera pas devant ladite commission.
5. Le permis de construire est délivré le 7 janvier 2014. L’association Réhabilitons ! dépose une requête devant le tribunal administratif (TA) d’Orléans pour annuler le permis avec comme motif la non conformité au règlement du Secteur Sauvegardé de Chartres. Malgré le bien-fondé de la requête reconnu par le rapporteur public, elle est rejetée par le TA en première instance puis en appel. Il faudra deux modifications du périmètre du secteur sauvegardé (avec enquêtes publiques à la clé) pour en extraire le nouveau pôle et échapper ainsi au règlement ! Le projet devient conforme !
6. Le nouveau bâtiment doit être livré en mars 2017. De multiples problèmes, mal connus du public, surgissent : désordres, fuites, inondations en sous-sol, difficulté de trouver une solution pour installer les ascenseurs, changements de programmes, etc. Ces « difficultés » entraînent un énorme retard qui va atteindre trois ans ! Monsieur Gorges a désigné les coupables : les architectes qui ne savent pas contrôler leurs chantiers.
7. Évolutions du financement et du programme. Le conseil départemental de l’Eure-et-Loir attribue une subvention de 4,66 millions d’euros au titre du Contrat départemental de développement intercommunal 2013-2016, ce qui est plus que discutable… Le programme évolue : la salle du conseil, initialement prévue en étage avec « vue sur la cathédrale » est déplacée en sous-sol, le niveau moins 5 du parking est supprimé, etc. De nouveaux services sont intégrés dont ceux de Chartres Métropole. Les coûts et les surcoûts ne cessent d’augmenter portant les dépenses à plus de 50 millions d’euros !
8. Un permis de construire modificatif est délivré le 20 juin 2018. L’objet de ce permis n’est pas seulement de surélever d’un étage une partie du bâtiment, mais aussi de supprimer totalement et sans explication le parc de stationnement souterrain ! Qui l’a su ? (pourtant une bonne partie de ce parking a été construite : tant pis, on y étalera les services techniques et les archives pour noyer le poisson !). Mais pour satisfaire aux obligations du règlement du Plan local d’urbanisme (PLU) et du PSMV de Chartres, qui requièrent 86 places, il a fallu en passer par un système obscur d’amodiation (la ville loue sur une durée de x années (10 à 99 ans) le droit de jouir de 86 places existantes dans des parkings à proximité… Reste cependant le mystère du niveau moins 4 : comblé ? Noyé ?
Conclusions : projet mégalomane lancé sans réflexion préalable, au motif de regrouper les services. Non maîtrise du programme et du chantier entraînant retard et surcoûts. Projet mal inséré dans le tissu urbain de Chartres. Pas de parking pour les futurs employés du pôle.