Le coq ne chantera plus...
Qui ne connait pas l’aire sportive à l’entrée des Grands-Prés, le long du viaduc ? Pas un dimanche après-midi sans que de jeunes chartrains s’y retrouvent pour jouer au basket, au volley ou pour se défier lors de matchs de foot sur le city stade. C’est vraiment LE lieu de rassemblement des jeunes sportifs, et cela fait une génération au moins que ça dure, dans cet environnement arboré particulièrement agréable.
Oui, mais ça, c’était avant ! Depuis quelques jours, absolument toutes les installations ont été démontées. Il ne reste plus qu’une vaste dalle de bitume sans vie. Mais pourquoi ? Sans doute pour remplacer ces équipements, pensez-vous ? Non ! Vous n’y êtes pas du tout.
D’après les informations dont nous avons connaissance, tout a été démonté dans le but d’y aménager un… parking ! Le stade des Grands-Prés (aujourd’hui stade Jacques-Couvret) existe depuis plus d’un siècle, il a accueilli des compétitions internationales, notamment de cross, et des matchs de football de haut rang, sans avoir besoin spécifiquement de parking… Mais voilà qu’aujourd’hui, alors que le club de foot est stabilisé en National 2, on n’a rien trouvé de mieux à faire à la place d’installations sportives en libre accès, appréciées des ados.
Un parking…
Mais alors pourquoi en est-on arrivé là ? Des jeunes qui pratiquent un sport en extérieur, en équipe, dans l’action, ça fait du « bruit » ! Et ce bruit-là était devenu insupportable pour quelques riverains qui n’ont pas manqué de le faire savoir. Le site est pourtant quasi dépourvu de voisins. Seuls deux pavillons récents, construits il y a environ cinq ans, sont situés à proximité du city stade. Comment la Mairie a-t-elle pu permettre la construction de deux maisons aussi proches de cet espace de loisirs, fréquenté, donc nécessairement « bruyant » ?
Les « règles du jeu » du document d’urbanisme de la Ville de Chartres l’y autorisait. Le Plan local d’urbanisme (PLU) chartrain permet en effet la division de terrain comme bon vous semble ! Rédigé par M. Gorges et son équipe, le règlement du PLU est à l’image de leur politique : libéral ! Quasiment pas de règle. Aucune protection adaptée des espaces verts. La parcelle initiale qui comportait encore, dans les années 2010, une seule maison du côté du Bourgneuf et un beau jardin arboré le long des Grands-Prés a alors été divisé en trois parcelles pour accueillir deux nouveaux pavillons sur des parcelles d’à peine 400 m². Les arbres ont disparu, les maisons ont poussé, les habitants s’y sont installés, et la querelle a commencé ! Ça ne vous rappelle par l’histoire des citadins qui s’installent à la campagne, à côté d’une ferme, et font tout pour faire taire le coq qui les réveille ?
La double responsabilité de Monsieur Gorges et ses élus
La responsabilité revient alors directement aux élus de la majorité qui ont autorisé la construction de ces deux maisons à cet endroit-là, si proche de ces équipements de loisirs, en toute connaissance de cause. Mais alors, entre un espace de loisirs existant depuis des décennies, pratiqué par des centaines de jeunes à l’année, et une poignée de riverains qui, à peine installés, sont déjà excédés par les bruits de balle, pourquoi ces mêmes élus n’ont-ils pas tenté une médiation, des horaires limités, ou un aménagement limitant les nuisances ? Est-ce répondre à l’intérêt général que de démonter ces équipements si utilisés, et sans perspective de remplacement ? Tout cela s’est fait a priori sans aucune discussion ni décision en Conseil municipal.
Ces mêmes élus de la majorité de Monsieur Gorges n’ont pas hésité à débloquer des millions d’euros dans des aménagements flambants neufs d’un aérodrome, sans régler le problème des avions qui continuent de survoler la ville dans un vacarme assourdissant. Pourquoi ces nuisances là ne sont-elles pas traitées avec autant d’efficacité ? Ce ne sont sans doute pas les mêmes jeunes gens aux commandes des aéronefs !
Ce type de politique du tout ou rien, ce type de décisions, inexpliquées et injustes, ont des répercussions directes. Pas étonnant alors que les jeunes quittent la ville. Les chiffres sont édifiants : en 2007, Chartres comptait 9 140 jeunes de 15 à 29 ans, ils ne sont plus que 7 377 lors des derniers chiffres officiels établis par l’INSEE en 2017. Une baisse de 20 % de cette tranche d’âge en 10 ans. Une hémorragie démographique dramatique pour l’avenir de notre ville, mais pas d’inquiétude, le Maire n’hésite pas à nous rabâcher que les chiffres de l’INSEE sont faux, et que Chartres est attractif… Ouf, me voilà rassuré !
Revenons à notre espace de jeu disparu. Sans ce dernier, où vont se retrouver les jeunes, qui aimaient s’y fédérer pour jouer, pour échanger librement autour d’une balle, quelle qu’elle soit, pour écrire leur histoire commune, depuis tant d’années ? Figés devant leur série Netflix, ou l’écran de leur portable… Qui plus est, dans la période actuelle particulièrement morose, ce site sportif était l’un des seuls espaces de liberté encore accessible, de plein air, où nos ados pouvaient oublier, le temps de quelques dribles, la crise sanitaire toujours plus enfermant, devenue leur quotidien. Y avait-il une telle urgence à la démonter maintenant ?
Une pétition est en ligne, à l’initiative des jeunes, recueillant déjà plus de 200 signatures en quelques jours : http://chng.it/QjQMLkCD
Avec les élus de Chartres Écologie, nous défendrons l’intérêt d’installer un nouveau plateau sportif, accessible librement, dans l’environnement du site des Grands-Prés, et sans nuisance pour les riverains.
Olivier Maupu