La soutenabilité faible
À propos de la soutenabilité de la croissance et du développement, il est convenu de présenter deux thèses : la soutenabilité faible et la soutenabilité forte. La thèse de la soutenabilité faible, fréquemment baptisée règle de Hartwick (voir Hartwick, 1977), est défendue par la Banque Mondiale qui adopte le point de vue des économistes néo-classiques (la « pensée économique » dominante).
La soutenabilité faible considère la nature comme un capital (actifs naturels fournissant des services économiques et écologiques dans le temps). L’idée de base est que les différents capitaux sont substituables : il y a une possible substitution entre le capital naturel et le capital physique, par exemple. L’un peut diminuer à condition que l’autre augmente au moins d’autant afin de maintenir le stock global de capital constant ou en croissance.
Autrement dit, la réduction du capital naturel – utilisation d’une ressource épuisable par exemple – peut être compensée par un accroissement du capital physique de la même valeur, ce qui permettra de garder le stock global de capital constant et partant, la possibilité de créer dans le futur au moins autant de biens et services.
Il est donc possible d’épuiser totalement une ressource si cette dernière est remplacée par davantage d’écoles, d’hôpitaux ou de machines ! Pour enfoncer le clou : « la génération présente consomme du capital naturel et, en contrepartie, lègue aux générations futures davantage de capacités de production sous formes de stocks d’équipement, de connaissance et compétences. » (F-D. Vivien, 2010).
Les défenseurs de la soutenabilité faible considèrent ainsi que la pollution des sols, par exemple, peut être compensée par la mécanisation de l’agriculture (capital physique) ou les cultures hors-sol (en serre), qui accroissent les rendements. Dans le cas du réchauffement climatique, certains préconisent les puits de carbone, ou même la diffusion de particules dans l’atmosphère pour limiter les radiations solaires. Nous voyons poindre alors le rôle du progrès technique comme étant la solution.
Kritik