La mémoire du "9-11" (9)
Le 11 septembre 2001, je suis à Nantes en train de racheter ma première concession automobile. J’ai 34 ans et je redémarre une période professionnelle faste après avoir vécu durement sur le plan professionnel le premier semestre de l’année. Ce jour-là, je suis en voiture avec un collègue, et nous remontons de Nantes vers Chartres. De là, mon collègue remontera ensuite sur Paris. Il fait beau et il est – je ne sais plus très bien – environ 16-17 heures quand nous arrivons au péage d’entrée de l’autoroute quelques dizaines de kilomètres après Nantes.
Nous arrivons à une porte du milieu du péage et nous entendons à la radio un flash spécial qui fait état d’une attaque terroriste sur le sol américain. La radio tourne en boucle sur l’événement qu’il est encore – au moins pour moi – difficile d’appréhender. Je suis concentré sur la route, il fait beau, mon collègue est sympathique.
Nous arrivons à Chartres, mon collègue repart vers Paris. Je suis seul à la maison. J’allume la télévision.
Je me rappelle de la vision du premier avion qui frappe une des tours du World Trade Center à New-York mais c’est vraiment au moment de la frappe du deuxième avion que je pense que le monde va basculer par le jeu de forces géopolitiques qui vont se déchaîner pour certainement une très longue période. Je me rappelle avoir pensé que la vengeance des USA avec son cortège de violences ne pourra pas ne pas avoir lieu. Et là, je me rappelle avoir éprouvé de la peur.
*
Je suis à l’époque en Première et âgé de 16 ans. Je me rappelle ce jour-là avoir fini tôt les cours et donc être rentré chez moi. Je m’avance dans mon travail scolaire sans me douter de ce qui arrive à quelques milliers de kilomètres de là. Un ami me téléphone sur le fixe de mes parents. Il me demande d’allumer la télévision. Je ne comprends pas pourquoi et lui demande la raison. Il insiste, « Allume-la ! ». Je m’exécute et, à ce moment, c’est l’incompréhension qui domine. Je vois une tour en flamme, des personnes aux fenêtres… Je reste sans voix tentant de trouver la cause de cela. « Tu as vu ? », me demande mon ami à l’autre bout du téléphone. Je mets du temps à comprendre. Il m’apprend que c’est un attentat. De qui ? Pourquoi ? Les questions se bousculent dans ma tête. Je termine rapidement la conversation et m’assied devant ma télé.
Là, l’effroi laisse place à la stupeur. Deux tours sont touchées. Des personnes se jettent de celles-ci, car le feu est sur plusieurs étages. Des pompiers héroïques risquent leur vie (certains vont la perdre) pour sauver les êtres humains présents dans les tours. Je ressens à la fois de la gêne à rester devant ce drame, comme si cela était du voyeurisme. Mais je ne bouge pas. Pendant combien de temps ? Je ne sais plus vraiment. Mes parents rentrent. On en parle, ils sont aussi désorientés que moi. D’autres sites vont-ils être pris pour cible ? Qui a fait cela ? Combien de morts ? On regarde le journal télévisé en famille, une des rares fois que cela arrive. Je n’ai pas remis le nez dans mon travail scolaire. Cela me semble anecdotique. Ma tête est pleine d’interrogations ainsi que d’images de cet événement. Un sentiment de révolte s’accroît en moi dans la soirée. Pourquoi s’en prendre à des innocents ? Pour une fois, je tarde à trouver le sommeil. Je ressens le besoin de faire une pause en m’endormant, mais également de revoir mes amis, professeurs au lycée afin d’en discuter, de tenter de comprendre, de ne pas rester seul face à cette colère.
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Le 11 septembre 2001, je regardais nonchalamment les informations sur BFM lorsque les images d’un avion s’encastrant au sommet d’une tour, formant une énorme boule de feu, donna lieu à des commentaires atterrés du présentateur. Je n’en crus pas mes yeux. Comment un tel événement était-il possible ? J’appris vite qu’il s’agissait d’une des Twin Towers du World Trade Center de New York. Les images repassaient en boucle, comme souvent sur ce type de chaîne d’info en continu. J’étais figé dans mon canapé me demandant comment un tel accident était possible jusqu’à ce que l’hypothèse d’un attentat terroriste soit avancée. Puis, la tour atteinte s’effondra sur elle-même dans un énorme nuage de poussières, alors que des pompiers étaient dans le corps de l’immeuble pour tenter de sauver les personnes qui s’y trouvaient.
Mais l’épouvante n’en était qu’à son début, car un autre avion vint percuter la seconde tour, en générant là aussi une énorme boule de feu. Cette fois, il n’y avait plus de doute, il s’agissait vraiment d’un attentat d’autant que plus tard on apprit que le Pentagone avait été touché lui aussi par un avion kamikaze et qu’un autre avion de ligne s’était crashé après que l’on ait entendu des passagers joindre leur famille pour leur dire adieu.
L’émotion était à son comble, comment cela avait-il pu se produire ? Les États-Unis, situés loin des foyers du terrorisme, semblaient inatteignables. Cette attaque était incompréhensible. Ainsi, ce pays, à l’origine de bien des mécontentements dans le monde islamique, devenait à son tour une victime à travers tous les innocents qui se trouvaient dans ces tours et ces avions. Il n’était plus seulement victime de ces exaltés amoureux des armes qui perpétuent de temps à autre des massacres de masse, et font 30 000 morts par armes à feu chaque année. Le danger venait aussi de l’extérieur créant ainsi une rupture dans le sentiment de sécurité et de puissance qu’éprouvaient jusqu’alors les Américains.
La mémoire du « 9-11 » (1)
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« 9-11 »
Il y a 19 ans…