La cité de la peur...

Mon conseil municipal du 5 septembre 2024. ON PEUT TRUMPER 50 PERSONNES UNE FOIS, MAIS ON NE PEUT PAS TRUMPER UNE PERSONNE 50 FOIS.

A l’invitation du maire, la séance commence par la prise de parole de Sylvie Torre, remplaçante de Quentin Guillemain qui a démissionné pour déménager dans une autre région.

Ensuite, M. Duval, habitué aux basses œuvres lorsque M. Lizurey est en panne d’inspiration, se voit donner la parole pour un procès détaillé et par contumace de Quentin : acte d’un grand courage puisque l’accusé n’est plus là pour lui répondre. Je vous fais grâce de la nullité fielleuse des attaques sans péril du « sniper » local pour vous livrer seulement la conclusion de Gorges en guise d’hommage : « M. Guillemain a démissionné pour défendre l’intérêt de sa ville, ce qui démontre qu’il a le sens des responsabilité ! »

Puis Le maire nous gratifie de son analyse des dernières élections législatives locales en relativisant évidemment le très honorable score du NFP à Chartres, en me qualifiant de « résistant de 1946 », en saluant évidemment le triomphe de Kasbarian puis en concluant au sujet de Vergne :

  • « Le seul danger pour Kasbarian aurait été un bon candidat républicain »,
  • « M. Vergne, c’est quelqu’un qui gagne à ne pas être connu »,
  • « Il avait le costume en désordre lors de la campagne, et il paraît qu’à l’issue du premier tour, dans son pantalon ça n’était pas très clair ».

C’est sur cette note scatologique que le président de séance ouvre l’ordre du jour du conseil : l’été fut très profitable à son bronzage, pas à son élégance…

Suite à la lecture préalable des « décisions du maire », Brigitte Cottereau demande quels sont les critères de mise à disposition gracieuse de la « salle renaissance » du musée des Beaux-Arts au profit de l’Ordre départemental des médecins. Mme Vincent ne répond pas à la question, mais indique que ce prêt contribue à augmenter l’attractivité de notre ville pour les médecins dans un contexte de désert médical…

Nous entrons ensuite dans la succession des rapports d’une partie des nombreuses SEM et SPL dont la ville est actionnaire. Mme Fromont, présidente de la SEM Chartres Développements Immobiliers, en profite pour nous provoquer une fois encore en nous remerciant pour notre combat pour les marronniers qui a permis de différer l’opération de promotion de la Courtille après le plus dur de la crise immobilière.

L’intervention de Jacqueline Marre donnera lieu à une longue polémique opposant deux visions de la culture populaire, le maire et son adjointe I. Vincent se félicitant qu’il y ait maintenant « des spectacles partout et pour tous », qu’il ne sert à rien de programmer les classiques plusieurs dates à la suite (ce qui serait pourtant bien utile pour les scolaires) et que « la culture de gauche c’est une salle vide de spectateurs parce que personne n’y comprend jamais rien », en n’oubliant pas de citer abondamment Jacques Kraemer : surtout ne jamais oublier de taper sur les absents, la norme dorénavant !

A l’issue de la lecture par Mme Dutartre du dernier rapport, consacré aux transports, je demande la parole pour exprimer le désaccord global du groupe Chartres Ecologie sur l’approche comptable, libérale et capitalistique des services publics à Chartres. Evoquant la discrétion qui fut la nôtre depuis le début de la séance, j’entends un « ah oui, c’était vraiment bien » provenant du chœur de l’exécutif… Sous les moqueries de la tribune, je me permets de citer Marine Tondelier entendue aux Journées des écologistes à Tours : « Le service public, c’est le patrimoine de ceux qui n’en ont pas », avant de donner quelques exemples de nos griefs envers cette gestion trop éloignée des services aux habitant.es :

  • C’Chartres Evénements est en déficit mais sponsorise l’équipe de basket professionnelle,
  • C’Chartres mobilités distribue environ 400 000 euros de dividendes aux collectivités chaque année tandis que nous pourrions étudier la gratuité ou l’amélioration du service,
  • Des questions d’intérêt général qui ne sont plus discutées en conseil municipal ou communautaire, mais en conseils d’administration présidés par des personnes inamovibles.

Je résume ainsi cette dérive : « Nous sommes passés des services publics aux services privés, serons-nous bientôt privés de services ? », avant de changer de sujet pour aborder la rentrée littéraire et d’évoquer la scandaleuse tribune de la majorité parue dans le dernier Votre Ville, nouveau tissu de mensonges, d’insultes et de sarcasmes inventant une rivalité entre Quentin Guillemain et moi-même. Le texte étant signé des « élu.es e la majorité », je leur demande de bien vouloir assumer et de le signer réellement sur deux copies que je déposerai en fin de séance en haut de la salle : depuis, elles ont mystérieusement disparu…
Je déplore enfin le ton insultant employé par le maire, pourtant responsable de la bonne tenue de l’assemblée locale, surtout en cette rentrée politique par ailleurs chaotique. Le mensonge et la calomnie sont indignes d’un maire et déshonorent sa fonction.

S’en suit un échange asymétrique, lui seul disposant du micro pour réécrire à nouveau l’histoire politique locale et nationale, Gorges évoque mystérieusement les conversations qu’auraient tenues Quentin « en ville » au sujet de son départ et de ma candidature. Bref, il colporte des rumeurs …. Florilège :

  • « C’est le NFP qui sème le désordre avec le front républicain, c’est vous qui faites monter le RN » (ce qui semble bien lui convenir),
  • « Se maintenir au second tour lorsqu’on est qualifié devrait être obligatoire au lieu de s’enfuir en courant comme vous »,
  • « Le NFP n’existe pas, c’est le RN qui a la majorité relative à l’assemblée, vous n’êtes rien avec vos 77 députés ».

Puisque je comprends qu’il évoque les seuls députés de LFI, je lui rappelle que je ne suis pas adhérent à ce parti, ce qu’il nie avec véhémence : « Mais si vous êtes LFI ». Ce génie en sait donc plus sur moi que moi-même ! J’hésite alors à quitter la salle, car à ce niveau de mauvaise foi, aucun échange n’est possible.
Il terminera son habituel monologue par une terrible accusation : « Au bar Le Pichet le 12 juillet, vous m’avez traité de gros connard en public, dans un établissement tenu par des amis et en présence de mon fils qui s’est retenu de vous corriger : vous avez eu chaud ! »

Je me souviens bien d’une discussion animée à son sujet cet été à cet endroit, mais pas de ce type de propos, mais attention, ami.es chartrain.es : dans notre ville, les murs ont des oreilles !!! Il me dit surtout avoir été affecté du qualificatif de gros en exhibant debout et en chemise son admirable ligne : nous sommes au cirque ! Pour continuer à filer la métaphore initiée dans leur nauséabonde tribune, je lui propose le qualificatif d’enrobé, cher à Obélix…

La séance se termine ainsi en queue de poisson (clin d’œil à Ordralfabétix), du moins à l’intérieur de la salle du consei,l car dans le hall, au moment d’emprunter les escaliers, Gorges s’arrête devant moi pour me montrer encore son abdomen : « Je ne suis pas gros : on verra si à 71 ans vous aurez cette ligne-là, mais c’est du travail, 15 ans de karaté, vous savez » ! Minable intimidation de cour de collège…

Comme à mon habitude, j’ai tenu à vous rendre compte de cette nouvelle séance, mais elle me laisse un goût plus amer cette fois. La tension retombée, je regrette en effet d’avoir participé à la création de ce pitoyable spectacle : à l’heure où la détresse sociale et le repli sur soi progressent plus que jamais, où les dangers climatiques et l’effondrement du vivant s’avèrent toujours plus puissants et imminents, nous en sommes réduits dans les assemblées politiques, où l’action collective devrait s’inventer et rétablir l’espoir, à combattre des moulins d’arrogance, de mauvaise foi et d’immobilisme.

C’est pourquoi ce témoignage sera le dernier sous cette forme, il ne me semble plus utile à l’avenir de relayer et d’amplifier les outrances de notre premier magistrat, c’est lui donner trop d’importance.

A Chartres et pour dix-huit mois encore, c’est un petit Trump qui incarne le règne de la vérité alternative et de la droite décomplexée. Comment continuer à siéger  pour contribuer à faire émerger puis gagner un projet partagé, vivant et solidaire ? Merci par vos commentaires de nourrir notre imaginaire.

Jean-François Bridet, conseiller municipal Chartres Ecologie