Inacceptable Zénith, suite et presque fin...
Le projet d’équipement plurifonctionnel culturel et sportif dit « le Zénith » est un projet INSENSÉ autant par son ampleur, son implantation et son coût. Il est donc INACCEPTABLE. Lancé en 2012, il est encore temps de le stopper. La participation du public par voie électronique offre aux citoyens une dernière occasion d’exprimer leur opposition avant le 22 juillet en allant sur :
www.registre-dematerialise.fr/1955
1. Contexte.
A Chartres et pour son agglomération, la réalisation d’une grande salle à vocation sportive est souhaitable pour permettre le déroulement de compétitions sportives (handball, basket, etc) . En effet, la halle de sport Jean Cochet contient 1 100 places. Pour les manifestations culturelles, la capacité d’accueil et la configuration d’une nouvelle salle reste à définir. La salle Ravenne et le théâtre ne possède respectivement que 1000 et 600 places, ce qui peut paraître insuffisant.
Monsieur Gorges voulait un « écrin » pour recevoir l’équipe de handball du PARIS SAINT-GERMAIN avec ses « stars ». Il a donc vu très grand (5 800 places dans la première version du projet) et a lancé l’opération précipitamment, sans véritable étude, ni concertation. Huit ans après, les spectateurs du hand attendent toujours leur salle !
Le projet s’incrit dans la partie Nord de la ZAC du pôle gare, rue Casanova, coté Mainvilliers, après le pont qui franchit les voies ferrées. Logements, bureaux, hotel sont programmés dans la partie sud.
Cet équipement est le plus gros « morceau » d’un projet d’ensemble qui comprend le futur parking, la plateforme multimodale et la passerelle qui enjambe les voies.
Tous ces projets ont été mal programmés, non coordonnés : ils sont partis dans le désordre et ont pris du retard : seule la passerelle (10 millions d’euros) est commencée (elle aurait pu attendre !) et ne peut pas être achevée faute du vide sur lequel elle déboucherait.
La construction et le financement du parking, réduit à 1 200 places, viennent d’être confiés à Q-park par délégation de service public. La plateforme multimodale sera réalisée plus tard, puisqu’elle est prévue au dessus du parking à construire, faute de quoi la gare routière, trop tôt démolie, a dû être « provisoirement » installée sur le parking du Compa… La situation du secteur est un véritable imbroglio.
Ainsi, on peut voir que tous les composants de cette partie nord de la ZAC sont liés et interdépendants : si le complexe ne se fait pas, toute la logique gorgienne s’écroule. C’est la raison pour laquelle le maire s’accroche et ne veut rien lacher, quitte à passer en force et à tout prix !
L’enjeux est énorme ! L’abandon serait un désavœu.
2. Que faut-il en penser ?
A – L’implantation retenue sur un petit terrain (9 384 m²) inadapté et difficile d’accès est inacceptable pour les riverains qui en subiront les nuisances (bruit, embouteillage, gaz d’échappement, klaxon après la victoire de Chartres…). Le pont de Mainvilliers sera réduit à une seule voie dans les deux sens, une voie étant réservée pour les transports en commun d’où des bouchons inévitables. Un tel équipement se doit d’être situé à proximité de voies de dégagement pour éviter les embouteillages et à l’écart des habitations. C’est ce qui peut être déduit des deux avis négatifs émis par les commissaires enquêteurs.
B – La salle (4 198 places pour les spectacles et 3 810 pour le handball)) est surdimensionnée par rapport aux besoins et n’a pas sa place en centre ville. L’architecture du bâtiment est audacieuse et le terrain petit : d’où des coûts de réalisation exorbitants. Alors que l’estimation prévisionnelle était de 30 millions, on peut prévoir une dépense de 60 millions d’euros si on ajoute aux travaux (marché de 47 millions signé en janvier 2019), les études d’impact, les honoraires, les coûts des enquêtes, les frais divers… Une jauge de 2 000 à 2 500 places paraît suffisante pour répondre aux besoins des compétitions sportives. La ville de Blois, dont l’agglomération est très comparable à Chartres en terme de nombre d’habitants vient de réaliser un équipement comparable (le Jeu de Paume) car même programme et même équipe d’architectes, si ce n’est une jauge de 2 500 places, pour 25 millions d’euros. Alors on peut s’interroger sur le montant de 60 millions ? Pourquoi dépenser une telle somme dans la période que nous vivons ?
C – Cet équipement « recalibré » pourrait être réalisé à moindre coût à coté de Chartrexpo en mutualisant des surfaces de stationnement existantes, donc gratuites. Il faut savoir perdre 3 à 5 millions d’euros en abandonnant le « Zénith » (indemnités et autre frais) pour en économiser 30 ensuite ! L’emprise libérée pourrait faire l’objet d’un aménagement paysager.
3. Historique.
Programme initial : Equipement plurifonctionnel, budget 30 millions d’euros
Maîtrise d’ouvrage : Chartres Métropole
Maître d’œuvre : Groupe-6 (Paris/Grenoble), retenu par le conseil communautaire le 3 avril 2012.
• Une première demande de permis de construire est déposée en 2014.
• Une première enquête publique se conclut par un avis défavorable en date du 9 août 2014. Il y aura 3,5 km d’embouteillage quand les voitures sortiront du parking après le spectacle !
• Une deuxième demande de permis de construire est déposée en mai 2015 pour une capacité d’accueil de 5 800 personnes. Le projet est censé avoir été modifié…
• Une deuxième enquête publique est prescrite par le maire de Chartres en octobre 2015. Elle se déroule du 19 novembre au 21 décembre 2015. Le commissaire enquêteur considère que le dossier présenté est similaire au précédent et que l’étude d’impact aurait dû intégrer le projet de parking du pôle gare. Il délivre un avis défavorable le 15 janvier 2016.
• Le Conseil de développement de Chartres et Chartres métropole présente le 31 janvier 2017 « les grands projets » dont le complexe multifonctionnel comme « élément structurant »(?!) avec un budget de 40 M€ et une livraison en 2019.
• Le 9 février 2017, M. Bernard Orts, DGS de Chartres métropole écrit à Monsieur Gorges par délégation pour lui dire que le complexe « accueillera 4198 places maximum » et ne sera « donc pas soumis à l’étude d’impact », ni « à l’examen au cas par cas », suite à l’abaissement à 5 000 places du seuil au dessus duquel ces procédures sont obligatoires. Mais cela s’avérera vain…
• Une troisième demande de permis de construire est déposée par Chartres métropole en mars 2017. Surface totale de 14 113 m2, jauge réduite à 4198 (3810 pour le hand) mais bâtiment pratiquement inchangé ! Le PC est accordé par M. Gorges le 10 juillet 2017.
• Cependant, suite à l’avis de la MRAE de novembre 2018, une troisième enquête publique (13 février au 16 mars 2019) portant sur l’ « Evaluation environnementale du projet d’équipement plurifonctionnel, culturel et sportif » est finalement prescrite par arrêté municipal (le commissaire enquêteur émettra un avis favorable, sans réserves (surprenant !). Pendant ce temps le Tribunal Administratif suspend le permis de construire, suite à la demande en référé déposée par l’association Epargnez-nous. On apprend aussi qu’un marché de travaux a déjà été passé en janvier 2019 avec un groupement d’entreprises pour la modique somme de 47 133 000 €.
• Enfin une demande de permis de construire modificatif est déposée le 21 septembre 2019. Nouveau recours déposé par Epargnez-nous, nouveau report. Il est sursis à statuer : le jugement du TA sera pris en fonction des nouveaux documents demandés concernat le trafic dans un délai de 10 mois, soit avant le 26 septembre 2020.
• Une « étude d’impact circulation » est produite. Elle est censée démontrer que tous les problèmes de trafic routier sont réglés. La traversée du pont de Mainvilliers n’est pas évoquée alors qu’une voie sera réservée aux bus, réduisant ainsi par deux le flux des voitures !
• La Mission Régionale d’Autorité Environnementale (MRAE) émet un avis positif sur l’étude d’impact. Cet avis est « un peu léger ». Faut-il parler de complaisance, d’incompétence ,…?
• Le 12 mars 2020, Chartres Métropole signe discrètement l’Ordre de Service pour le démarrage des travaux, alors que le délai de la suspension du PC modificatif n’est pas écoulé ! En cas d’abandon du projet cet OS augmentera le montant des indemnités.
• La semaine précédant les élections municipales, un grand panneau de chantier bien visible est érigé, faisant croire que la construction du complexe était imminente, sous entendu définitivement autorisée.
• Pourtant la participation du public est requise pour avis : donc le projet n’est toujours pas autorisé ! Malheureusement la synthèse des avis déposés sera faite par la Ville de Chartres : c’est ce que prévoit le processus légal…
Patrick Chenevrel