Il faut que cela continue...
Il faut surtout que cela continue normalement, comme avant (continuité d’activité, pédagogique…). Non, en fait, mieux qu’avant, car la crise actuelle permet d’aller plus loin encore : qu’enfin le monde néolibéral devienne la norme, le modèle, la matrice.
Il faut :
– que le PDG puisse continuer de mettre ses salariés au chômage partiel tout en se distribuant des dividendes ;
– que les entreprises européennes puissent continuer de distribuer à leurs actionnaires, en 2020, les 359 milliards d’euros de dividendes ;
– que le directeur de l’ARS du Grand Est – le responsable de la mise en place de la réforme de l’hôpital – puisse continuer de fermer des lits pour atteindre ses objectifs pour le bien même de la santé. Et non, il ne « déraille » pas, bien au contraire ;
– que les patrons d’entreprise puissent continuer de décider – mais enfin aux yeux de tous et sans aucune retenue, des horaires et congés de leurs salariés en faisant fi de ce qui reste du code du travail, cet objet d’un autre âge ;
– que les banques puissent continuer d’avoir accès à la monnaie sans fin pour continuer de spéculer… sans fin pour enrichir sans fin nos « élites » ;
– que le gouverneur de la banque de France puisse continuer de déclarer « […] nous devrons porter plus longtemps des dettes publiques plus élevées » en oubliant que le gonflement de cette dette publique, suite aux années de la crise des Subprimes, est venue d’un transfert de la dette privée vers la dette publique ; ce que l’on s’apprête ici à refaire : en 2019, d’après le FMI, la dette privée s’élevait à quelques 19 000 milliards de dollars !
– que le choix démocratique – la délibération démocratique – soit définitivement remplacé par la clairvoyance des experts et élites de tout poil. Et pourtant qui a vu arriver la crise de la santé en France, qui a informé, qui s’est refusé à abdiquer, qui a alerté jusqu’à se faire gazer (« L’État compte ses sous, on comptera les morts ») et qui a été sourd, qui a dénié, qui a dissimulé et menti ?
– que l’économie (financière) soit le Graal absolu, la « pensée » économique néolibérale son gardien, l’algorithmique le chemin qui y conduise et le numérique son sauveur ! Ainsi soit-il !
Kritik