"Durant 20 ans, cette ville n’a pas été entretenue..."
Conseil municipal du 11 avril 2024. Séparé de l’ordre du jour, le compte rendu de l’audition organisée à l’automne dernier nous a été préalablement transmis pour faire le bilan de « SOUND OF SILENT ». La première édition de ce festival international du film muet fut accueillie à Chartres en juin 2023, moyennant la modique subvention municipale de 200 000 euros, à laquelle se sont ajoutés des prestations et services communaux valorisés à hauteur de 270 000 euros !
Quentin Guillemin demande la parole en début de séance pour évoquer ce document décrivant un fiasco total confinant au hold-up parfait : impréparation complète, promotion et communication nulles, prestataires maltraités puis non payés pour certains, fréquentation désastreuse, déprogrammation des évènements grand-public, notamment gratuits, etc…
Nous avions pourtant été moqués, comme d’habitude, lorsque nous avions alerté lors du vote de la subvention municipale au sujet de l‘amateurisme apparent de l’organisateur et des risques inconsidérés pris avec de l’argent public pour un projet hors-sol, déconnecté des associations et acteurs locaux. Une synthèse nous est bientôt promise dans Votre Ville...
Sans surprise, la réponse du maire est hors-sujet. Il dénonce notre opposition systématique à tous les projets en citant médiathèque, cinéma, conservatoire, réalisations qui ont pourtant été décidées bien longtemps avant le début de notre mandat. Il enchaîne évidemment en soulignant le grand succès du ceux de Colisée que « tout le monde trouve déjà trop petit » !
La conclusion gorgienne peut faire frémir et laisse entendre qu’on pourrait le laisser réessayer. En effet, au sujet de M. Chollet, grand organisateur du festival : « On peut commettre des erreurs et recommencer (…) des tentatives comme ça, il y en aura d’autres (…) il n’y a que vous qui réussissez du premier coup : ah non, vous avez raté les élections. »
Nous passons ensuite au budget primitif 2024. Malgré sa promesse de ne pas répondre aux explications de vote de l’opposition (« On me le déconseille, car cela vous instruit »), le débat durera une heure dont ¾ de diatribes gorgiennes, notamment nourries par l’intervention de Ladislas Vergne qui votera contre le budget comme le reste de l’opposition. Opposition dont ne font décidément plus partie le groupe des macronistes. M. Standaert explique son adhésion avec force fleurs et compliments. A l’interpellation de M. Guillemain au sujet du ralliement sans nuance à la majorité des représentants de la majorité présidentielle, J-P Gorges indique que ce sont des concurrents mais pas des opposants !
Brigitte Cottereau expose dans le détail comment le budget trahit le mépris de la municipalité pour les plus pauvres et les plus fragiles de notre ville, tellement les dépenses sociales y sont malmenées. Il a déjà été publié dans Cactus. La force et l’engagement de son intervention provoquent spontanément mes applaudissements auxquels s’ajoutent Jacqueline Marre. Le maire nous fait alors les gros yeux : « Mais vous vous rendez compte, que faites-vous là, qu’est-ce qui vous prend, c’est nerveux ? ». Je réponds qu’il s’agit de l’expression de ma sincérité et de mon humanité, mais il semblerait que ce soit difficile à comprendre dans cette assemblée.
Encore une fois, c’est M. Vergne qui fait office de paratonnerre ou de punching-ball lors de cette séance :
• "M. Vergne, qu’est-ce qui vous est arrivé, à quel moment ça a foiré ?"
• "C’est le syndrôme Teilleux : vous avez rencontré M. Marleix qui vous a proposé d’être candidat aux législatives si vous faisiez sécession."
• "Vous êtes un professionnel de la buvette : à Chartres et à l’Assemblée Nationale."
• "Vous me faites penser à du mauvais Eric Chevée qui voulait arrêter le projet de complexe aquatique : le plus grand et le plus fréquenté de France !"
Et la perle du soir au sujet de l’augmentation des tarifs des services publics, notamment de celui de l’eau potable pour lequel il fait le parallèle avec celui du stationnement : « L’eau n’est pas payée par les Chartrains, mais par les utilisateurs ! » (sales et alcooliques, les Chartrains ?).
Ma question relative à l’absence de provision financière pour les travaux de confortement des murs de soutènement des jardins de l’Évêché nous permet d’en savoir un peu plus à ce sujet : « On pourra ajouter une ligne en budget modificatif quand on saura ce qu’il faut faire », indique M. Masselus. Mais M. Gorges nous précise qu’avec les chantiers des portails Sud et Nord, il n’est pas pressé de rouvrir la terrasse haute qui donne accès au chevet de la cathédrale : ça ne serait vraiment accessible qu’à la mi-2025 ! Il n’évoque plus la solution de confortement portée par un projet de parking souterrain en soubassement, mais celui d’un parking de surface près de la collégiale Saint-André : « Il y a en bas une friche dont on n’a rien fait en vingt ans et qu’il va falloir exploiter. » Bientôt la mort de la seule réserve de biodiversité de la ville ?
Dernier gros débat autour de l’augmentation de 10% des tarifs des services périscolaires et passage des études surveillées au régime payant, nouvelle occasion de briller pour le maire : "On n’est pas obligé de faire de la garderie, on n’est pas là pour se substituer aux parents."
Nouvelle digression à cette occasion : « J’étais en réunion publique à Bel-Air : la vraie préoccupation des gens, c’est qu’ils ne peuvent pas se chauffer, car l’énergie est trop chère à cause de l’abandon du nucléaire (ça faisait longtemps…). »
Je lui rétorque que les gens de Bel-Air auraient peut-être préféré il y a dix ans qu’on isole leurs façades plutôt qu’on les décore. Gorges m’affirme avec peu de conviction que cela a été fait en précisant que les techniques d’isolation par l’extérieur n’existaient pas à l’époque ! Il affirme que je n’y connais rien en matière de logement social et que je n’ai pas à être fier de celui que j’ai conçu en évoquant des fuites et des problèmes d’étanchéité : on n’évitera donc pas les bassesses ce soir ! Pour la petite histoire, si ma carrière professionnelle m’a jadis donné l’occasion de travailler pour Chartres Habitat, ces réalisations n’ont jamais donné lieu au moindre contentieux. (Calomniez, calomniez, il en restera toujours quelque-chose…).
Comme pour le nucléaire, un dernier incontournable du maire à l’adresse de Quentin Guillemain : « Si rien ne vous convient, pourquoi restez-vous dans cette ville sinon pour faire de l’agitation politique ? »
Bientôt 23 heures et encore 21 délibérations au programme. Nous n’interviendrons plus, même pour expliquer notre vote contre la énième subvention à la fédération française d’échecs qui a pris ses habitudes chartraines pour le championnat de France. Coût annuel de 40 000 euros.
Au sujet des opérations de rénovations de Cœur de ville auxquelles nous apportons notre adhésion, un aveu de J-P Gorges :« Durant 20 ans, cette ville n’a pas été entretenue ».
Relâche au mois de mai, prochain conseil le 20 juin.
Jean-François Bridet, conseiller municipal Chartres Écologie.