De l'art de la diversion
Mon conseil municipal du 18 janvier 2024. Ce soir, peu de délibérations à l’ordre du jour et peu de sujets à polémique, ce qui nous promettait une séance plus courte et reposante qu’à l’habitude, l’occasion peut-être de voir ce que ferait le maire de cette session si nous nous nous abstenions de nous exprimer. Elle fut certes moins longue, s’acheva peu après 22 heures, mais fut animée par deux polémiques inattendues :
La prise de connaissance d’une « décision du maire » relative aux travaux de « désimperméabilisation et de création d’îlot de fraîcheur » dans la cour de l’école Vlamink (Boulevard Chasles) m’a incité à demander si d’autres travaux étaient encore prévus puisqu’à ce jour seuls six arbres « neufs » ont remplacé les six arbres matures abattus il y a deux ans. Après qu’il m’a été répondu que l’enrobé est drainant, mais que la concertation avec les enseignants a conduit à ne végétaliser aucune surface, j’ai pu conclure qu’il y a usurpation du terme de végétalisation.
C’est pourtant à ce titre que NOVO NORDISK est mécène de cette opération pour réponde à ses engagements RSE (responsabilité sociale et environnementale). Malheureusement, je venais d’allumer la fameuse mèche : Karine Dorange et Jean-Pierre Gorges profitent alors de l’occasion pour annoncer l’arrêt du projet régional de végétalisation de la cour du lycée Marceau (opération natur’Olycées que j’ai initiée) en raison d’une présumée non-conformité à la sécurité incendie.
Rassurez-vous, malgré leur aplomb et leur morgue, le lycée Marceau deviendra bien un véritable îlot de fraîcheur et de biodiversité. Une micro-forêt y grandira bientôt : la direction régionale des lycées m’a confirmé depuis, qu’une fois certaines procédures administratives régularisées, le projet pourrait être réalisé comme conçu avec les élèves et l’équipe éducative, la conformité incendie (accès des véhicules de secours) n’étant absolument pas en cause.
Le cadre qui m’a renseigné a posteriori s’est étonné d’un tel zèle des élus municipaux, rarissime ailleurs (il s’occupe d’une centaine de lycées) pour ce type de travaux… Néanmoins, le maire a bien envoyé le 22 décembre un courrier recommandé à François Bonneau, président de la région, pour exiger l’arrêt des opérations, sans en informer le conseiller régional référent localement, c’est-à-dire moi-même !
Ladislas Vergne a provoqué la deuxième diatribe du maire en expliquant son vote contre les subventions aux sorties scolaires et classes transplantées dont il note la baisse, l’économie faite sur le dos de la jeunesse et des familles au profit de projets inutiles comme celui de l’historial qui devrait s’installer dans les profondeurs de l’esplanade de la cathédrale. Sans surprise, il essuie ensuite les sarcasmes qui nous sont habituellement réservés par Jean-Pierre Gorges :
- « Avoir fait l’ENA pour en arriver là… »
- « Pour une fois que vous parlez, laissez-moi répondre »
- « Vous êtes si silencieux d’habitude, vous qui parlez tant dans la rue et sur le marché »
- « Quand vous-vous mettez à parler, vous semez le désordre ».
Après l’indignation de Mmes Beurel et Dutartre qui en profitent pour rendre hommage à tous les efforts et les moyens déployés par Chartres pour sa jeunesse, Franck Masselus clôt le débat en rappelant son camarade (ils adhérent tous deux aux Républicains) à la discipline de parti dont le président (à moins qu’il évoque Macron, mais ça n’est pas clair) prône les économies de fonctionnement des structures publiques.
À l’occasion du vote d’un « accord transactionnel » de fin de mission avec le cabinet Wilmotte, nous apprenons que le budget (définitif ?) du pôle administratif de l'hôtel de ville de Chartres s’élève désormais à 56 millions d’euros hors taxe (comptez environ 65 millions avec les études). À la demande de précisions d’Olivier Maupu qui évoque le budget prévisionnel initial de 32 millions, le sieur Masselus répond que ce bilan comprend les aménagements intérieurs des plateaux de bureaux livrés « en blanc » et la requalification des espaces publics avoisinants, ce qui élargit le « périmètre » du programme.
Quand je reprends la parole pour rappeler que ce même périmètre comprenait initialement la création de 200 places de stationnement en sous-sol qui n’ont finalement pas été réalisées, aucun membre de la majorité ne me contredit. Guillaume Bonnet clôture le débat par « quelle importance, le prix de cet équipement, quand on voit tout le confort qu’il apporte à nos 450 agents ? ».
22 heures, séance pliée sans même que le maire nous ait gratifié de l’interprétation d’une chanson de Polnareff, prochain rendez-vous au mois de mars : vivement le printemps !
Jean-François BRIDET
PS : si vous avez manqué la performance vocale de notre maire :