De la violence...
Ce nouveau conseil municipal de Chartres, à l’ordre du jour mince mais dense puisqu’il comporte le budget prévisionnel, débute par l’exposé de Franck Masselus au sujet justement de la dette et des budgets.
Olivier Maupu, élu Chartres Écologie, expose point par point nos oppositions à ce projet. Il déroule une vision locale alternative qui fonde la fameuse attractivité d’une ville sur sa capacité à accueillir et à assurer le bien-être de TOUS ses habitants aujourd’hui et de préparer un avenir sécurisé face aux dangers sociaux et environnementaux. Sans surprise, la réponse du maire (et non celle de l’adjoint aux finances) n’évoque jamais le fond, mais se contente de discréditer le porteur légitime de la contradiction :
- « C’est une litanie qui en dit long sur votre comportement, pour tous les sujets, vous êtes à côté. »
- « Vous connaissez mal votre ville, car vous venez d’arriver, vous vous êtes posés dans le quartier du Bourgneuf pour semer le désordre. Chuisnes pourtant ça doit être exemplaire. »
- « Pour mieux connaître la réalité des Chartrains, lisez Votre Ville tous les mois. »
- Au sujet des maisons de quartier : « Vous voulez installer des commissaires de quartier. »
- « Les gens sont satisfaits depuis 22 ans, car la ville est devenue propre et sécurisée. »
- A propos de la démocratie participative : « C’est quoi votre modèle d’attractivité, vous voulez faire des kibboutz ? »
- « Pourquoi êtes-vous venu habiter à Chartres : je n’arrive pas à comprendre que l’on vienne vivre dans une ville où l’on souffre. »
- Au sujet de l’attractivité : « Les 800 nouveaux habitants qui arrivent chaque année sont-ils masochistes ? »
Le groupe Renaissance (ex-En Marche) confirme son nouveau positionnement dans l’assemblée par la voix de M. Caplain : « La majorité n’a pas besoin de nos trois voix pour approuver ce budget, mais nous les apporterons pour éviter un affrontement stérile et créer de l’instabilité. » Par ailleurs, il rend hommage à « la cohérence, la sincérité et la clarté du budget prévisionnel qui permet toutefois de poursuivre la dynamique d’investissement. »
Tout à son habitude de commenter dans le détail les votes du conseil, le maire peut ensuite compter ses troupes et se réjouir en constatant l’abstention de Ladislas Vergne. Cela confirme, selon lui, son positionnement dans l'opposition.
J’interviens ensuite au sujet des autorisations de paiement pluriannuelles pour souligner le déséquilibre entre les 17 millions programmés pour les abords de la cathédrale (hors centre d’interprétation, c’est-à-dire 4 000 euros/m² d’aménagements de surface) et les premiers investissements pour le « ON » (salle de musiques actuelles) reportés à 2026. Je critique encore une fois la priorité donnée au minéral, au propre et au clinquant sur la culture vivante et la jeunesse. La réponse de J-P Gorges est éclairante au sujet du projet si secret du futur centre d’interprétation, il s’appuie sur le modèle des parkings Q-Park qui s’autofinancent : la gratuité d’accès à la cathédrale semble bien compromise, l’entré payante de ce futur musée étant présentée par le maire comme le point d’accès principal à l’édifice...
Le débat au sujet du plan de gestion UNESCO concernant la cathédrale nous permet de développer nos différences fondamentales au sujet du traitement des abords de l’édifice : plutôt que de refaire puis de bétonner un trou béant au pied du portail Ouest, je propose de mieux utiliser le riche patrimoine voisin (musée des Beaux-Arts, ancienne école élémentaire, ancien collège que nous ne devrions pas livrer aux milliardaires de la cosmétique) et, surtout, de ré-ouvrir la terrasse de l’évêché, ce lieu magique dont les touristes et les Chartrains sont privés depuis deux ans. Je révèle que nous avons pu prendre connaissance du diagnostic du BRGM, suite à l’effondrement en « fondis » en partie basse du site. Celui-ci conclut à l’absence de danger pour le public en partie haute des jardins, à la simple condition d’une surveillance visuelle quotidienne des témoins mis en place. J-P Gorges répond qu’il ne sera pas le maire qui prendra ce risque…
L’absence de M. Lizurey (M. Sécurité, général de gendarmerie à la retraite, videur musclé de Notre-Dame-des-Landes) me permet de ne pas subir l’attaque préliminaire à laquelle je m’étais préparé en raison de ma présence à Sainte-Soline et à mes propos publics au sujet des violences d’État que j’y avais constatées. C’était sans compter sur le grand intérêt que me porte depuis toujours Fabien Standaert qui demande la parole pour s’insurger de mes propos comme de mes actes : « Quand vous parlez de terrorisme d’État, vous insultez toutes les victimes du terrorisme. » Les trois élus Renaissance se succèdent ainsi pour assurer avec beaucoup de zèle le service après-vente du ministre de l’Intérieur en concluant sur une invitation à aller goûter du régime vénézuélien tant apprécié par Mélenchon qui serait mon mentor (qui me connaît, sait que je fais mienne la devise NI DIEU, NI MAITRE)…
Franck Masselus, beaucoup plus discret dans le débat budgétaire, apporte également son concours en s’insurgeant du fait que Darmanin a dû se justifier de la gestion du maintien de l’ordre dans les Deux-Sèvres auprès d’une commission parlementaire.
Le maire, ayant précisé qu’il est d’accord avec moi sur le fond du sujet des réserves de substitution, mais qu’il déplore mes méthodes assimilées à une gauche extrême « franchissant les limites que l’extrême-droite respecte de son côté », m’accorde toutefois la parole. C’est ce qui me permet d’assumer et d’expliquer, de parler de la violence programmée par Darmanin, de la peur et de la colère de la jeunesse notamment provoquée par la dissonance cognitive fabriquée par le gouvernement : le jour où Macron s’inquiète du stress hydrique et des pollutions de l’eau, Fesneau, ministre de l’agriculture, prend ses ordres à l’AG de la FNSEA pour réclamer de nouvelles dérogations pour maintenir l’autorisation d’épandre des poisons interdits dans nos sols puis nos nappes aquifères. La violence c’est d’abord l’État, déjà condamné pour INACTION CLIMATIQUE, qui la commet en frappant sans distinction les terriens qui défendent la nature et les biens communs.
Après avoir demandé que l’on n’oublie pas qu’un jeune homme est toujours entre la vie et la mort suite à ces tristes événements, je rappelle que les forces de l’ordre sont aussi à ranger aux côtés des victimes du gouvernement qui les met en danger pour un combat d’arrière-garde au service d’intérêts privés au prix de leur intégrité physique et mentale (frapper et blesser autrui, c’est également faire violence contre soi-même…).
Je rends enfin hommage aux policiers chartrains qui se sont montrés exemplaires depuis le début des manifestations contre la réforme des retraites en assurant la sécurité des manifestants et des riverains sans altérer la liberté de quiconque.
Assez distant de ces échange, J-P Gorges conclut tout de même en constatant que désormais l’extrême gauche (nous, donc) se comporte de façon plus extrême que l’extrême droite !
Olivier Maupu intervient à nouveau pour s’étonner de la dévolution du marché d’OPC (Ordonnancement, Pilotage, Coordination) des travaux du secteur Cathédrale (200 000 euros HT par an) à une entreprise de deux personnes créée en août 2022. En réponse à notre question du mardi (reçue une heure trente avant le conseil….), nous avons appris qu’une seule offre a été remise sans que cela pousse à déclarer la procédure infructueuse. Lorsqu’Olivier s’inquiète de confier une mission avec de tels enjeux (la sécurité de millions de personnes qui vont côtoyer les chantier) sur un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, Karine Dorange nous accuse de ne pas occuper notre siège en commission d’appel d’offres, ce qui nous rend coupable de « sabotage de la démocratie ». Mensonge : il s’agit d’une commission « ad-hoc » pour laquelle nous ne disposons pas de siège !
Face à nos absences effectives en CAO (le vendredi en début d’après-midi !), le maire menace de proposer notre siège à une autre formation de l’opposition. Ne manquant pas une occasion de fayoter, M. Standaert en profite pour préciser que les élus Renaissance sont parmi les plus assidus de toute l’assemblée (son emploi du temps d’assistant parlementaire de M. Kasbarian lui laisse certainement beaucoup de liberté !).
Les derniers débats concernent le bilan d’étape du Contrat Régional de Solidarité Territorial, encadrant les aides financières de la Région. Je déplore à ce sujet, au titre de la solidarité avec les autres communes, que la somme de 844 000 euros soit retirée de l’axe « maillage urbain et rural ». Franck Masselus est incapable de me dire ce qui ne sera pas fait au titre de cet abandon (équipements de proximité, liaisons douces et actives entre communes ?). J.P. Gorges en profite pour donner encore la leçon et m’accuse de refuser le modèle de communauté de communes (EPCI) et de mise en mutualisation des services et moyens, comme si l’hypercentralisation était la seule politique possible !
L’exemple de la cuisine centrale nous est servi pour justifier de l’intérêt économique de la concentration en précisant que tous les membres de l’agglomération y ont adhéré. Lorsque je précise qu’une commune a voté pour en sortir, on me répond d’abord que c’est faux. Lorsque je précise qu’il s’agit de Barjouville, cette information est confirmée mais, évidemment, « cela ne compte pas puisque le maire de Barjouville est contre tout et qu’il vaudrait mieux que sa commune quitte l’agglo ». On insinue même qu’il fragilise le dispositif communautaire de sécurité en refusant l’installation de caméras. Puisque je précise que je partage cette opposition à la vidéo-surveillance, deux adjoints reprennent vie :
- Masselus : « Il en aurait fallu des caméras à Sainte-Soline ! ». Qu’il se rassure, nous avons été filmés par drone ou hélicoptère sous toutes les coutures du vendredi au dimanche…
- Bonnet (en colère) : « Je vais dire aux parents du jeune qui a été renversé en scooter hier que vous êtes contre les caméras qui pourront nous permettre de retrouver le chauffard qui a commis un délit de fuite. »
Avec tout ça et malgré un ordre du jour réduit à 19 délibérations, la séance est levée peu avant minuit… Le maire n’oublie pas de remercier les internautes qui ont suivi nos échanges mais, comme à son habitude, ignore les quelques spectateurs encore présents : parmi eux, quatre soutiens silencieux (c’est la loi) mais précieux issus des rangs de Chartres Écologie.
Jean-François Bridet, élu municipal Chartres Écologie.