Courtille : trois marronniers centenaires condamnés à mort
Trois magnifiques marronniers centenaires et en pleine forme enracinés au 24 boulevard de la Courtille à Chartres vont être abattus fin août. La parcelle est le siège historique de la Chambre de Métiers et de l'Artisanat. Elle vient d'être rachetée pour y construire à la place une résidence immobilière haut de gamme. À ce jour, ces arbres vénérables ne présentent aucun problème sanitaire et ne sont pas menaçants d'un point de vue de la sécurité.
Un Espace boisé classé (EBC)* est présent sur une partie de la parcelle où sont implantés ces trois marronniers. Le permis de construire initial, déposé en 2020, ne mentionnait pas la demande d'abattage des arbres. Pourtant, récemment, le 5 mai 2022, une demande de déclaration préalable a été déposée à la mairie de Chartres pour abattre et replanter des arbres... Or, un EBC est inviolable ! Le Code de l'urbanisme précise que le classement en EBC interdit tout changement d'affectation ou tout mode d'occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création des boisements. La seule manière de le réduire ou le supprimer est de mener une procédure de révision ou déclaration de projet emportant mise en compatibilité du PLU, avec enquête publique.
Lecteurs et habitants du territoire, ce projet est aberrant sur le plan juridique et écologique. Le promoteur qui veut construire la nouvelle résidence argue que les racines de ces grands arbres vont gêner les engins de chantier et être potentiellement fragilisées. Avec le risque de chute d'arbre à terme. Le promoteur a donc décidé d'abattre les trois marronniers et de planter quelques nouvelles essences, petites et sans risque pour la résidence, juste à côté.
Nous en sommes là, en 2022, avec les enjeux climatiques, de biodiversité et sociaux que l'on connaît. Des gens préfèrent détruire de magnifiques arbres centenaires, oasis de vie de nombreuses espèces faunistiques et floristiques, pour un projet de construction de résidence réservée à des privilégiés (plus de 4 000 euros le m2...). Ils préfèrent détruire du vivant, favoriser le minéral, les îlots de chaleur. Après les canicules que l'on vit actuellement et celles à venir, des gens en sont toujours à préférer l'argent au bien commun. Notre patrimoine arboré est en danger absolu. C'est sidérant. Chartres Écologie dénonce ce projet intolérable et appelle la population à protester et à s'opposer à cette folie.
L’association Chartres Écologie, Chartres, le 29 juillet 2022.
* EBC au titre de l'article L113-1et 2 du Code de l'urbanisme : les plans locaux d'urbanisme peuvent classer comme espaces boisés, les bois, forêts, parcs à conserver, à protéger ou à créer, qu'ils relèvent ou non du régime forestier, enclos ou non, attenant ou non à des habitations. Ce classement peut s'appliquer également à des arbres isolés, des haies ou réseaux de haies ou des plantations d'alignements. Le classement interdit tout changement d'affectation ou tout mode d'occupation du sol de nature à compromettre la conservation, la protection ou la création des boisements.
Nonobstant toutes dispositions contraires, il entraîne le rejet de plein droit de la demande d'autorisation de défrichement prévue au chapitre Ier du titre IV du livre III du code forestier.