A l'initiative du Centre de Jeunes Dirigeants et de Maintenon Entreprendre, Arthur Keller, ingénieur de formation, enseignant à CentraleSupelec, spécialiste des risques systémiques, est intervenu mardi 19 mars aux Enfants du Paradis pour une longue et instructive conférence titrée "Et maintenant, on fait quoi ?".

Dans la grande salle du cinéma quasi pleine, devant un parterre composé en grande partie de jeunes entrepreneurs, il a développé sa thèse : notre civilisation a pris dans le milieu du siècle précédant une voie sans issue : l'humanité s'est transformée en une machine à consommer des ressources naturelles et à produire des déchets à un rythme toujours plus rapide. La planète est dans l'incapacité de suivre : les ressources naturelles se raréfient et les déchets s'accumulent.

Les conséquences sont nombreuses : effondrement de la biodiversité, réchauffement climatique, raréfaction des ressources naturelles produisant inflation, aggravant les inégalités et augmentant les tensions géopolitiques.

Toujours illustré d'exemples et citant ses sources, il dresse un tableau sombre du fonctionnement actuel de la civilisation. L'objectif affiché de cette première partie : faire peur pour pousser à l'action.

Sont ainsi évoqués :

  • L'inconséquence d'un approvisionnement mondialisé fonctionnant grâce aux énergies fossiles qu'il faut abandonner.
  • La faible résilience des villes françaises qui ne disposent en moyenne que de deux jours de stock en cas de rupture de ces chaînes logistique toujours plus distendues.
  • La technologie qui ne nous sauvera pas : non seulement elle se montre incapable de remplacer les énergies fossiles par des énergies renouvelables, les secondes ne faisant que s'ajouter aux premières pour satisfaire une demande en hausse. Mais les matériaux rares nécessaires à leur mise en oeuvre ne sont pas disponibles en quantités suffisantes pour envisager un remplacement complet de ce qui fonctionne actuellement grâce au pétrole.
  • L'agriculture productiviste n'est pas épargnée : elle est une source majeure de polluants : pesticides, CO2 pour la production d'engrais. Elle engendre la destruction de forêts tropicales, de zones naturelles...

Si notre société poursuit dans cette voie, elle s'effondrera avec des conséquences dramatiques.

Il n'est cependant pas trop tard pour agir, non pas pour maintenir coûte que coûte la civilisation actuelle. Son fonctionnement basé sur une croissance infinie est insoutenable. Mais pour aller vers autre chose.

Suit une liste des voies à explorer : végétarisme : aujourd'hui 80% des terres agricoles sont utilisées pour nourrir des animaux. Passer à une alimentation non carnée cultivée avec des techniques telles que la permaculture et l'agroforesterie permettrait de nourrir largement la population mondiale.

Technologies lowtech, économes en ressources, réparables localement.

Monnaie locales et j'en oublie...

Mais surtout, Athur Keller insiste sur la méthodologie, Il n'a pas de solutions toutes faites ni de voie toute tracée.

S'il ne conteste pas l'utilité de l'engagement politique ou de l'activisme, il s'agit d'agir en commençant d'en bas pour prendre en main collectivement son destin, expérimenter des alternatives et construire des solidarités, de parler à tout le monde. Dans la difficulté, la solidarité fonctionne mieux que la guerre de tous contre tous. Il ne s'agit pas de rechercher l'autonomie pour soi ou en petits groupes où tout le monde se ressemble : ces entre-soi peu efficaces seront balayés à la première crise.

C'est le sens de l'appel lancé aux entrepreneurs, qu'il invite à agir concrètement dès maintenant.

Une captation de la conférence donnée par Arthur Keller à la Cité du vin de Bordeaux est disponible ici : https://youtu.be/bfHraC3ThWI

Des collectifs, des associations agissent déjà en ce sens sur notre territoire : rejoignez-les. Si vous en connaissez, signalez-les dans les commentaires. Et si aucun groupe ne vous convient : créez le vôtre !

Eric Wolff