A la fin, David gagne toujours contre Goliath...
Le maire de Chartres avait autorisé le 15 avril 2022 la construction au 24 boulevard de la Courtille de 37 appartements et l'abattage de trois magnifiques marronniers, pourtant situés dans un Espace Boisé Classé dans le Plan Local d'Urbanisme (PLU). Sans raison valable, il a ensuite contré (avec notre argent) tous les recours portés par un couple riverain, propriétaire de l'une des plus belles demeures de Chartres de style «Belle Epoque» construite en 1908 et inscrite dans le PLU comme « immeuble à protéger ».
Le Conseil d'Etat vient de rejeter le dernier pourvoi porté par les riverains.
Après trois ans de luttes et de contestations, les plus forts ont eu raison des plus faibles, quoique l'histoire n'est pas encore terminée…
Notons cependant que l'occupation du site, jour et nuit, par de nombreux citoyens au mois d'août 2022 pour s'opposer à l'abattage des marronniers et les nombreux échos de la presse ont induit la constitution de collectifs et la naissance d'une association de défense de l'environnement. Sans le réaliser, le maire a mis le bras dans un engrenage.
Que peut-on reprocher au maire de Chartres et aux maîtres d'ouvrage associés, Monsieur Bourguignon promoteur et la SPL Chartres Développement Immobiliers ? Des fautes, des mensonges, des tromperies, des manipulations… En voici quelques extraits :
1 – Le permis de construire initial ne mentionnait pas l'abattage des marronniers, alors que sur les plans du dossier des petits arbres étaient dessinés au même emplacement.
2 – Il a fallu une seconde demande pour obtenir l'arrêté de non opposition à l'abattage.
3 – Cet arrêté n'a pas été affiché conformément à la Loi.
4 – Le pignon de l'immeuble projeté est implanté (après modification du permis) en limite séparative à 3,70 m des fenêtres de la demeure voisine, ce qui ne respecte pas la protection de cette demeure prévue au PLU et porte atteinte et préjudices aux riverains.
5 – La Ville de Chartres a acheté une partie du terrain pour modifier l'alignement sur voie et « régulariser » ainsi l'implantation.
6 – Une seconde régularisation a dû être apportée concernant la compensation de la perte des marronniers : il a été précisé que des tilleuls de Henry seront plantés à leur place « équivalents à terme » selon le règlement du PLU. Or ces tilleuls ne dépassent pas 15 mètres de hauteur en Europe et ne seront donc pas équivalents aux marronniers, dont l'un était centenaire et culminait à plus de 25 mètres.
7 – Les marronniers ont été sauvagement abattus à l'aube du 15 février 2024.
8 – Le panneau promotionnel posé en clôture du terrain présente un photo-montage des façades sur le boulevard. Il est trompeur car il fait croire que l'immeuble projeté est à une distance respectable de la maison riveraine.
9 - Les derniers arbres situés dans l'Espace Boisé Classé ont été abattus sans autorisation pendant la démolition du bâtiment de l'ancienne Chambre de métiers.
Ainsi, tous les arbres existants entre la Courtille et la rue Victor-Gilbert ont été abattus : ils seront « remplacés » par une nappe de stationnements souterrains sur la presque totalité du terrain. Il n'y aura donc plus d'absorption des eaux pluviales sur la parcelle, mais rejet dans les réseaux publics.
Qui comptabilise le nombre d'arbres abattus à Chartres suite aux projets immobiliers surdimensionnés ?
Patrick Chenevrel, président de l'ADEAC